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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

Les seigneurs et les nobles habitent seuls une partie distincte de la ville. On reconnaît ce quartier aux armoiries sculptées, peintes et dorées qu’on voit sur le haut des portes de leurs maisons. Les nobles japonais mettent beaucoup de prix à cette prérogative de leur rang. Il y a telle porte qui coûte vingt mille ducats[1].

L’autorité politique est exercée par un gouverneur qui est le chef de tous les magistrats civils et de tous les officiers militaires. Il y a dans chaque rue un magistrat ou alcade qui est ordinairement le plus qualifié des habitans. Il est juge en première instance de toutes les causes civiles et criminelles, et soumet au gouverneur les cas difficiles. Il est sévèrement défendu aux juges d’écouter aucune sollicitation des parties.

Les rues sont closes à l’entrée et à la sortie par une porte qui se ferme au commencement de la nuit. À chacune d’elles il y a un poste de soldats et des sentinelles d’espace en espace, de sorte que dès qu’il se commet un délit, l’avis en parvient à l’instant aux deux portes qui sont fermées sur le champ ; il est rare que le coupable puisse se soustraire au châtiment.

On peut appliquer à toutes les villes du royaume ce que je raconte de Jedo, tant pour le régime municipal que pour toutes les autres choses. J’ajouterai que, rarement, les Japonais mangent d’au-

  1. Le ducat espagnol vaut onze réaux de vellon (2 fr. 65 cent. environ).