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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

sent de ce qui lui appartenait en propre, afin que j’en usasse comme bon me semblerait. Il s’éleva entre nous la question de savoir si l’Empereur avait qualité pour me faire ce présent, et moi pour le recevoir en conscience ; et quoique ce fût l’époque de ma vie où je me sois vu dans le plus grand dénuement, et qu’en outre je fusse assez généralement regardé comme fondé à m’approprier ce capital, je pris la résolution de restituer tout ce qui restait des marchandises naufragées aux propriétaires primitifs de Manille, et je chargeai le capitaine et le maître d’équipage d’exécuter ma décision.

Après avoir terminé cette affaire, je partis pour Jedo. Je passai le premier jour dans un bourg de dix à douze mille ames nommé Hondaque. Dès que j’eus mis pied à terre dans une hôtellerie, le tono m’envoya demander obligeamment pourquoi je n’étais pas descendu chez lui, et me fit prévenir qu’il allait venir en personne pour me chercher, ce qui m’obligea à me rendre à la résidence qui était située sur une hauteur qui dominait le bourg. Cette maison, ou pour mieux dire cette forteresse, était entourée d’un fossé de cinquante pieds de profondeur ; on y entrait par un pont levis qui, dès qu’il était levé, rendait impossible ou tout au moins très-difficile la prise de la porte principale. Mais je fus encore plus surpris de ce que je vis dès que j’eus passé la porte, qui, ainsi que toutes celles de ce château, était en fer. Je remarquai aussi avec étonnement la perfection et la solidité des murailles qui s’élevaient immédiatement après le fossé. Elles