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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

cher quelques longueurs ; cette lecture nous ayant vivement intéressé, il nous a semblé qu’en faisant des coupures dans l’original, nous déroberions à nos lecteurs une partie du plaisir que nous avons éprouvé nous-mêmes.[1]

C.
  1. Il paraît que l’on doit attribuer la persécution terrible qui a anéanti le christianisme au Japon à quelques paroles imprudentes des missionnaires espagnols, envenimées par la jalousie des Hollandais qui voulaient s’approprier tout le commerce de cette contrée avec l’Europe ; ils y réussirent complétement. Avant 1614, époque de la grande persécution, il y avait au Japon, si on en croit les relations du temps, plus de dix-huit cent nille chrétiens, et le gouvernement ne mettait aucune entrave au libre exercice de leur culte. Les Européens y étaient bien accueillis ; ce fut leur conduite irréfléchie et le mépris qu’ils affectèrent en quelques circonstances pour les lois du pays, qui entraînèrent leur expulsion. On en trouvera une preuve assez frappante dans ce récit même. À partir de 1614, les relations avec le Japon devinrent de plus en plus rares. Les Hollandais seuls y abordent aujourd’hui ; les Anglais et les Américains ont inutilement tenté d’y être admis. Les Russes y envoyèrent une ambassade, en 1803, qui n’eut aucun succès. Le gouvernement la reçut avec toute sorte d’égards, il fournit abondamment des vivres aux vaisseaux russes, il fit plus encore : un navire russe ayant échoué sur les côtes, quelque temps auparavant, il ordonna de restituer tout ce qui s’y était trouvé, jusqu’aux morceaux d’un miroir, s’excusant encore de ce qu’il avait été brisé par des paysans qui en ignoraient la fragilité. Avec cela, on engagea très-poliment l’ambassade à se retirer le plus tôt possible. Enfin, la préférence exclusive que les autorités accordent aux Hollandais est telle qu’en 1813, pendant l’occupation anglaise des colonies Bataves, les vaisseaux qui se rendaient au Japon étaient obligés de prendre le pavillon des Provinces-Unies, et les matelots portaient le costume hollandais. Du reste, le peu que nous connaissons de cette contrée ne fait qu’ajouter un nouvel intérêt à la relation de don Rodrigo de Velasco. La grande histoire de Kœmpfer et le voyage de Golownin