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ADMINISTRATION AVANT 1789.

du roi, qui se faisait remettre par le commissaire chargé de la confection du rôle, une copie détaillée de la cote de l’opposant.

En Limousin, au contraire, on avait suivi pour la taille une marche qui n’était pas uniforme pour toute la province. Dans une partie, les biens-fonds avaient été arpentés et estimés par des experts. Les paroisses ainsi vérifiées se nommaient paroisses abonnées. Dans d’autres parties, on s’était contenté des déclarations des habitans contredites et vérifiées comme dans la Champagne, et on avait nommé ces paroisses paroisses tarifées. Cette nuance obligeait à faire deux instructions ou préambules de rôle dont les dispositions variaient suivant ce qu’exigeaient les deux formes.

La base des impositions roturières, en Lorraine, avait été un des ouvrages du duc Léopold. Les annales du temps attestent qu’il s’y était dévoué lui-même pendant près de deux années avec une constance et des soins journaliers qui suffiraient pour faire la réputation d’un ministre.

Des commissaires envoyés sur les lieux, dans toutes les parties de la province, avaient étudié et décrit l’étendue, la nature du sol, la facilité, le nombre des débouchés, les qualités physiques et morales des habitans, leurs rapports entre eux, avec leurs seigneurs, avec leurs cantons, avec la province entière. La valeur absolue de chaque communauté ainsi analysée, on avait constaté sa valeur relative ; les charges et les ressources d’un canton avaient ensuite été comparés aux charges et aux ressources des autres, et on avait pris en considération les différences qui devaient naturellement exister entre le pays de montagne, la plaine et le vignoble. Tout cela était devenu l’objet d’un travail réglé, approfondi. Ainsi le prince, dans le secret de son cabinet, seul avec ses commissaires, qu’il entendait séparément, ou qu’il réunissait quelquefois pour s’éclairer par la contradiction, apprenait à connaître chaque partie de ses états, chaque communauté, chaque individu.