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PIÈCES OFFICIELLES. — ÉTATS-UNIS.

puissamment notre sympathie. Nos ancêtres les ont trouvés possesseurs incontestables de ces vastes régions. Par la persuasion et la force, ils les ont repoussés de rivière en rivière, de montagne en montagne, jusqu’à ce que quelques tribus se soient éteintes et que les autres n’aient laissé que quelques restes pour conserver peu de temps encore leurs terribles noms. Environnés par les blancs, par les arts de la civilisation, qui, en détruisant les ressources du sauvage, le condamnent à la faiblesse et à la décadence, le sort du Mohegan, du Naragansett et du Delaware, est presque semblable à celui du Choctan, du Chérokée et du Creek. Nul doute que ce ne soit là leur sort futur, s’ils restent dans les limites des États. L’humanité et l’honneur national demandent tous les efforts possibles pour éviter une telle calamité. Il est trop tard pour examiner si les États-Unis avaient le droit de les comprendre avec leur territoire dans les limites des nouveaux États, limites qu’ils pourraient soumettre à leur contrôle. Il n’est plus possible de revenir là-dessus, un État ne peut être démembré par le congrès ou restreint dans l’exercice de son pouvoir constitutionnel. Mais les peuples de ces États, et ceux de tous les États unis par des sentimens de justice et de respect pour notre honneur national, vous soumettent la question intéressante de savoir si l’on peut faire quelque chose de compatible avec les droits des États pour conserver cette race malheureuse.

» Comme moyen d’obtenir ce résultat, je soumets à votre considération la convenance de désigner un vaste district à l’ouest du Mississipi, hors les limites du territoire d’aucun État, qu’on garantirait aux tribus indiennes aussi long-temps qu’elles l’occuperaient, chaque tribu ayant un contrôle distinct sur la portion qui lui serait assignée. On leur garantirait la jouissance d’un gouvernement de leur choix, qui ne serait soumis à d’autre contrôle de la part des États-Unis que celui qui serait nécessaire pour conserver la paix sur la frontière et entre les diverses tribus. La bienveillance nationale leur fournirait les moyens de s’instruire dans les arts de la civilisation ; et, en faisant régner entre elles l’union et l’harmonie, on produirait chez elles un bien-être général qui perpétuerait leur race, et attesterait l’humanité et la justice de ce gouvernement.

» L’émigration serait volontaire ; car il serait aussi cruel qu’injuste de forcer les aborigènes à abandonner les tombeaux de leurs pères, et à aller s’établir sur une terre étrangère. Mais ils devraient être bien informés que s’ils restent dans les limites des états, ils doivent se soumettre à leurs lois.

» En retour de leur obéissance, comme individus, ils seraient incontestablement protégés dans la jouissance des possessions qu’ils auraient améliorées par leur industrie. Mais il me paraît absurde de supposer que, dans cet état de choses, on puisse leur accorder des droits sur des portions de territoires où ils n’ont ni habité, ni fait d’améliorations, seulement parce qu’ils les ont vues du haut des montagnes, ou parce qu’ils les ont traversées à la chasse. En se soumettant aux lois des États et en recevant, comme les autres citoyens, protection pour leurs personnes et leurs propriétés, ils se confondraient à la longue dans la masse de notre population.

» Nous n’avons pas besoin en temps de paix de plus de vaisseaux de guerre qu’il n’en faut pour protéger notre commerce. Ceux qui ne sont point employés dans ce but restent nécessairement dans les ports, où, faute de cales couvertes suffisantes, ils s’endommagent rapidement, et deviennent bientôt inutiles, quoiqu’on prenne les meilleures précautions pour les conserver. Tel est déjà le sort de plusieurs de nos plus beaux bâtimens, qui, quoique non terminés, exigeraient des sommes immenses pour être rétablis dans l’état où ils étaient au moment où on les a confiés à leur élément. D’après cette considération, il ne peut y avoir le moindre doute que notre meilleure politique ne soit d’arrêter la construction des navires de premier et de second rang. Nous devons nous appliquer à amasser des matériaux pour la guerre, si le cas en échéait, plutôt qu’à grossir le nombre des bâtimens que nous pouvons mettre à flot en temps de paix, comme preuves de notre puissance navale.