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AMÉRIQUE DU NORD.

vent que la multiplication naturelle n’est pas moins rapide que celle des états voisins qui ont une population moins active ; d’ailleurs, nous trouvons que l’accroissement général de la population des États-Unis a été de 1800 à 1810, comme de 1810 à 1820, dans la même progression que de 1790 à 1800.

Les émigrations de l’étranger, dont la proportion diminue évidemment chaque jour, ne peuvent apporter une grande différence dans nos calculs ; car, en supposant qu’elles augmentent notre population de 200,000 ames en dix ans (et c’est ce que nous apprennent positivement les registres du ministère de l’intérieur), il en résulte que lors même qu’elles cesseraient d’avoir lieu, le doublement n’en continuerait pas moins tous les vingt-cinq ans.

L’accroissement naturel et incontestable de notre population ainsi établi, jetons un coup-d’œil sur ses effets probables, relativement à la condition morale et politique des États-Unis.

La conséquence la plus évidente sera nécessairement l’augmentation de notre force et de notre pouvoir. Encore un autre siècle, et ces républiques confédérées contiendront plus de 100 millions d’ames, et formeront le plus opulent, le plus puissant empire de la terre ; nous posséderons alors de superbes cités embellies par les plus précieuses productions des arts ; des canaux et des routes dont la magnificence sera proportionnée à leur utilité, des académies et des écoles publiques fondées et entretenues par le trésor national, une marine formidable, et un revenu, qui, quoique peu considérable par rapport à la population, s’élèvera cependant à plusieurs centaines de millions…

Mais, n’est-il pas à craindre, dira-t-on, que long-temps avant que nous ayons atteint ce haut degré de grandeur, nous soyons témoins d’un démembrement des états ? que, dans nos institutions politiques, il n’y ait point de liens assez forts pour tenir réunie une si nombreuse population, répartie sur une si vaste surface, qu’enfin la diversité d’opinions, ou seulement