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DE L’AVENIR DES ÉTATS-UNIS.

multiplier ces moyens par le travail et l’économie, et surtout par l’invention des arts usuels, que les hommes ont pu voir leur nombre augmenter sans danger.

Dans l’Amérique du Nord, le cas est tout-à-fait différent : un peuple dès long-temps familiarisé avec tous les fruits d’une vieille civilisation, possède un immense continent, capable de contenir un nombre d’habitans 40 ou 50 fois plus grand que celui qui l’occupe, et ne trouve d’obstacles à l’accroissement de sa population que ceux qui naissent de ses lois ou de ses mœurs.

Il est prouvé, d’après les recensemens successifs qui ont été faits, que la population des États-Unis double en moins de vingt-quatre ans ; mais supposons même qu’elle ne double qu’en vingt-cinq années. Elle est aujourd’hui de dix millions d’ames au moins, à la fin de la première période, elle sera donc de vingt millions, de quarante millions à la fin de la seconde, de quatre-vingt millions à la fin de la troisième, et de cent soixante millions à la fin de la quatrième, qui complétera le siècle. Et cependant, cette incroyable population ne donnera pas plus de soixante-dix individus par mille carré, si nous la tenons renfermée dans les limites actuelles des États-Unis.

On nous objectera, peut-être, que la marche d’un accroissement jusqu’à présent si rapide doit enfin se ralentir au bout de quelque temps, puisque nos vieux états, multipliant leur population comme les nouveaux, auront nécessairement atteint leur maximum les premiers, et avant que la totalité du territoire soit habitée. À cela nous répondrons qu’aussi long-temps que l’émigration d’une des parties de l’Union vers une autre, n’éprouvera point d’empêchement, la population de cette première partie continuera à s’étendre avec une rapidité semblable à celle des nouveaux établissemens. Ainsi, par exemple, quoique la population du Connecticut et du Rhode-Island paraisse maintenant stationnaire, cependant les tableaux annuels des mariages, des naissances et des morts, nous prou-