Page:Revue des Deux Mondes - 1829 - tome 2.djvu/269

Cette page a été validée par deux contributeurs.
263
GÊNES.

rés ; mais que, pour préserver le palais de la légation, il augmentait sa garde de cinquante hommes. Le soir, l’anarchie fut à son comble, et le gouvernement fit connaître au ministre qu’il désirait lui envoyer deux sénateurs, afin de conférer avec lui sur les moyens de sauver la chose publique ; mais qu’il n’y avait aucune sûreté pour eux ; que la fureur des charbonniers ne connaissait plus de bornes, qu’on ne pourrait les apaiser et rétablir l’ordre que quand on serait maître de la porte de Saint-Thomas, et que le ministre était invité à employer à cet effet toutes les mesures qui étaient en son pouvoir. Celui-ci répondit qu’il était étranger à tout ce qui se passait, que le gouvernement savait très-bien qu’il n’avait à cet égard ni pouvoir ni influence, et que c’était au gouvernement seul à prendre les moyens que pouvaient exiger les circonstances.

Le tumulte continua jusqu’à une heure du matin ; on fut assez tranquille le reste de la nuit. À la pointe du jour, les canonnades et les fusillades recommencèrent ; il y eut de part et d’autre plusieurs hommes tués et blessés. Le parti du gouvernement demeura enfin maître de toutes les portes.

Ce jour-la, l’autorité fit publier un décret rendu la veille, qui ordonnait de respecter les étrangers et les propriétés, et de suspendre toutes les voies de fait.

On parvint à éloigner les charbonniers de la maison du ministre ; mais ils se portèrent dans les maisons où ils savaient qu’étaient logés des Français ; ils les saccagèrent et traînèrent ceux-ci en prison en les maltraitant de coups ; ils pillèrent aussi la boutique et le logement de l’apothicaire Morando, et de telle manière, qu’ils n’y laissèrent pas un clou ; on peut dire que jamais pillage ne fut plus complet.

Le gouvernement rendit alors un décret et qui invitait les citoyens à reporter leurs armes au palais, attendu qu’il n’y avait plus de résistance, et que tout rentrait dans l’ordre. On entendit cependant tout le jour des coups de fusils tirés dans les rues