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POLYNÉSIE.

Ces îles forment une espèce de transition de l’archipel de Santa-Cruz à celui des Nouvelles-Hébrides, situé à quelque distance au sud. Le peuple qui les habite appartient à la même race océanienne, pauvre, chétive, sale, dégoûtante, et dans des dispositions naturellement hostiles contre les Européens. On ne retrouve chez ce peuple aucune trace de cette bienveillance, de cette hospitalité qui caractérisent plusieurs des tribus vraiment polynésiennes, telles que celles qui habitent les îles de la Société, des Amis, Rotouma, Tikopia, etc. Les naturels de Vanikoro donnèrent à notre arrivée les signes les moins équivoques d’une extrême défiance ; malgré les cadeaux que nous leur fîmes, nous ne pûmes jamais la dissiper entièrement ; aussi, comme on vient de le voir, nous manifestèrent-ils à notre départ les intentions les plus malveillantes.

On ne peut guères douter que les malheureux Français qui échappèrent au naufrage des frégates n’aient eu beaucoup à souffrir de la cruauté et de la cupidité de ces barbares, comme de l’influence meurtrière du climat. Nonobstant leurs réticences perpétuelles, les naturels qui répondaient à nos questions réitérées, avouèrent qu’il y avait eu des combats entre eux et les étrangers, et qu’un certain nombre de personnes avait péri des deux côtés.

La version la plus probable que j’aie pu recueillir de la bouche de ces hommes bornés et peu intelligens serait qu’il y a quarante ans environ, une des frégates aurait touché dans une nuit très-orageuse, contre les brisans du sud de l’île ; là, exposée à toute la fureur des flots, elle aurait promptement coulé et tout aurait péri corps et biens, sauf un canot monté par une trentaine de blancs qui abordèrent à la côte voisine. Le lendemain, l’autre frégate se serait échouée sous le vent de l’île dans un lieu plus calme, et à l’abri du vent, où elle serait restée long-temps en place. Ceux qui la montaient seraient descendus près du village de Payou, et réunis