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BELGIQUE ET PRUSSE RHÉNANE.

médiocres. Le négociant belge dont j’ai déjà parlé, connaît cependant, dit-il, un habile fabricant qui peut livrer pour 350 ou 400 fr., un bon fusil à deux coups, à canons tors, et à platines d’un travail parfait. Sa réputation bien établie d’intrépide chasseur donne du poids à cette opinion.

» Les manufactures d’épingles et d’aiguilles d’Aix-la-Chapelle sont encore à un siècle en arrière de celles de l’Angleterre ; et un paquet de véritables aiguilles anglaises est un cadeau toujours bien reçu par une dame belge.

» Je n’ai pas eu l’occasion de visiter Elberfelt, mais, en examinant des guingams sortis des manufactures de cette ville, j’ai été vivement surpris de leur degré de perfection : finesse, éclat du tissu, égalité surprenante dans l’emploi des fils ouvrés, tout s’y trouvait réuni. Ils m’ont paru supérieurs à toutes les toiles de même espèce fabriquées dans les ateliers anglais. Mais ni les mousselines de Gand, de Suisse ou de France, ne peuvent soutenir la comparaison avec celles de l’Angleterre ou de l’Écosse. Qu’on ouvre des ballots formés d’articles pris chez toutes les nations, et les mousselines anglaises seront toujours facilement reconnues par les dames, juges dont on ne peut récuser le tact et la sagacité en pareille matière. Je sais que M. Ternaux conteste cette supériorité ; mais pour plus d’une raison, le fabricant me permettra d’être ici de l’avis du beau sexe.

» Il est assez singulier que les Suisses, ces derniers venus sur le champ de la concurrence commerciale, aient vaincu de prime abord les coloristes anglais et français. Les rubans de Glascow ou de Manchester manquent d’éclat, comparés à ceux qu’on voit orner le front des jeunes paysannes de l’Helvétie. Les rubans verts surtout n’éprouvent jamais d’altération.

» Stavelot et Malmédy renferment des populations de tanneurs. Ils tirent leurs cuirs de Buénos-Ayres. Débarqués à Anvers ou à Gand, ils leur sont ensuite expédiés par terre, sans cependant accroître le prix de la main-d’œuvre ; car ces