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ANCIEN EMPIRE MOGOL.

« À celui dont le nom est inscrit sur le front de tout ce qui existe, dont les caractères de gloire sont gravés sur les murs et les portiques de l’univers ; à l’éternel Artisan, qui d’un mot fit jaillir du néant les célestes sphères et les élémens de la nature créée ; à l’Architecte tout-puissant qui disposa sur nos têtes les voûtes mouvantes du firmament, et para ce globe terrestre des splendeurs de sa puissance ; à lui gloire sans fin et reconnaissance sans bornes. Et mille et mille actions de grâces à notre prophète Mahomet, le plus excellent des êtres créés, qui retira le genre humain de la nuit de l’erreur, et le conduisit dans le chemin escarpé du devoir et de la vérité ; à lui fut donnée, de la part de Dieu, autorité sur toutes les grandeurs de la terre, et la prééminence sur tous les autres prophètes. Le Messie lui-même annonça l’heureuse nouvelle de sa venue, et au flambeau qui l’éclairait, le divin prophète d’Israël s’efforça de dérober une étincelle de la céleste lumière.

« Voici le mémorial des divers événemens qui ont marqué ma carrière. J’ai entrepris d’en écrire une petite partie, afin qu’il en restât quelques traces dans les archives des temps.

» J’avais 38 ans, lorsque je devins empereur dans la métropole d’Agra, et m’assis sur le trône de mes désirs. C’était le matin du 8e jour de la lune de Djemadi-second, de l’année de l’hégire 1014 (10 octobre 1605). Au même moment le soleil paraissait à l’horizon ; j’acceptai ce présage de victoire, ce signe d’un règne d’invariable prospérité. »

Djihân-Guir décrit ici les fêtes magnifiques qui suivirent son avénement au trône. « Je fis battre, dit-il, pendant quarante jours et quarante nuits au Nakara-Khanè (orchestre mililaire[1]), des airs de triomphe et de joie. Les brocarts les plus somptueux, les tapis les plus riches furent, par mes ordres, étalés à plus

  1. Cet orchestre est composé de trompettes et de tambours qui accompagnent toujours l’empereur.