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DÎNER DE L’ASSOCIATION SAINT-JOSEPH.

et irlandais fut soigneusement maintenue. Les habitans de l’Irlande formaient alors deux classes distinctes, dont l’une se composait de sujets anglais et l’autre d’ennemis irlandais. Plus tard, lorsque l’Angleterre établit solidement son autorité, elle partagea la population en protestans et en catholiques, et s’attacha à inspirer à ceux-ci la même haine qui avait auparavant divisé les Anglais et les Irlandais. Nous sommes tous égaux maintenant aux yeux de la loi. S’il existe une différence de fait, la faute n’en est pas aux catholiques, qui ont renoncé volontairement à leurs associations et à leurs assemblées, parce qu’ils veulent vivre en paix et en bonne intelligence avec leurs frères. Quant à notre vice-roi (le duc de Northumberland), il nous promet de belles choses, mais voilà tout. Dieu merci, je n’en veux pas au gouvernement de s’occuper si peu de moi. J’ai toujours méprisé et ses faveurs et ses menaces. Mais pourquoi méconnait-il les services des libéraux protestans qui se sont réunis à nous ? Pourquoi ceux à qui l’événement a donné raison, les amis, les alliés non rétribués de Wellington, sont-ils, je le répète, écartés par l’administration du vice-roi. Ils avaient raison, puisque les membres du gouvernement se sont rangés de leur avis, et néanmoins les personnes d’une opinion diamétralement opposée, sont celles sur lesquelles pleuvent tous les honneurs. Est-ce là un des effets de la mesure de conciliation ? On assure qu’un savant interprète des lois, le juge Jebb[1], a proféré, au dîner de la mairie, les expressions les plus atroces qui soient jamais sorties de la bouche d’un misérable revêtu de l’hermine. D’autres prétendent que cet individu n’a pas tenu le langage qu’on lui attribue. S’il en est ainsi, pourquoi l’attorney-général ne poursuit-il pas ses calomniateurs ? Qui choisit-on pour accompagner le juge Jebb dans sa tournée judiciaire ? c’est le méthodiste Lefroy qu’on va exhumer tout

  1. Lord Norbury, procureur-général, lors de l’insurrection de 1798, et le juge qui condamna à mort Emmett, et tant d’autres patriotes, en 1803, dit de ce magistrat que c’était un excellent garçon.