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GUATÉMALA.

publicain bien organisé pût prendre, et encore moins faire exécuter, contre le vœu du congrès et de la cour suprême. Toutefois, nous sommes plus portés à attribuer ces troubles à l’extrême ignorance du peuple, aux notions imparfaites qu’il a de la liberté, à son peu d’expérience des formes d’un gouvernement libre, et à la haine des castes contre les blancs qui tiennent les rênes de l’administration, qu’à des desseins criminels conçus par le président Arcé.

Nos données sur les événemens qui ont depuis rallumé la discorde dans la république, sont tellement vagues, qu’il nous a été impossible d’en tirer parti. Durant toute l’année 1828, les états de Guatémala, de Nicaragua et de San-Salvador devinrent encore la proie de la plus effrayante anarchie ; les villes de Léon et de Grenade faisaient une guerre d’extermination à celles de Ménagua et de Nicaragua ; les habitans de cette dernière, maîtres du château de San-Carlos, situé à l’entrée du lac de Nicaragua, interceptaient toute communication avec San-Juan et l’intérieur ; Arcé, vainqueur dans plusieurs rencontres, ne pouvait, faute de munitions, poursuivre ses succès ; le commerce et l’agriculture étaient tombés dans un complet anéantissement ; rien n’annonçait un terme prochain à ces désordres, parce que l’exiguité des moyens des parties belligérantes s’opposait à un résultat décisif. Enfin, au 1er janvier 1829, le trésor était totalement épuisé, et le pays présentait le triste spectacle de la misère et de la désolation[1].


B…
  1. Des nouvelles plus récentes nous annoncent que les Salvadoriens ont repoussé à leur tour les habitans de Guatémala, dont ils ont forcé les chefs à quitter le territoire de la république. Elles ajoutent que le vice-président, le secrétaire et les officiers militaires du parti vaincu, en tout cinquante-six personnes, étaient arrivés à Acapulco, sur la côte occidentale du Mexique, pour y attendre la détermination définitive du Congrès de Guatémala.
    (N. du D.)