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RUSSIE.

Avant tout, il faut posséder la Tartarie indépendante ; il faut au moins s’assurer des dispositions des Tartares. La Russie s’en occupe depuis long-temps ; elle étend constamment sa domination de ce côté. Aussi, elle encourage, autant que possible, le commerce d’échange entre ses sujets et les hordes nomades[1]. Elle a appelé une partie des Kirghis dans les steppes du Volga ; elle a donné refuge aux Turcomans poursuivis par les Kalmouks. Le reste de ces deux hordes, jusqu’aux rivages de l’Aral, reconnaît sa suzeraineté. Leurs khans lui jurent obéissance et s’honorent d’être à sa solde[2]. On leur prodigue des présens, des distinctions militaires, des grades élevés dans les armées du czar. On leur envoie des draps fins, des meubles précieux, des livres, et surtout des vins de France et de l’Archipel[3]. À Orembourg, le khan

    quérant descendit de la Grande-Boukharie, et pénétra dans l’Inde par trois colonnes. 30,000 hommes de cavalerie, placés dans l’Afghanistan, furent dirigés sur Moultan ; le centre, composé également de 32,000 hommes de cavalerie, passa par le chemin de Balkh et de Caboul à Attock ; l’aile gauche, de 30,000 hommes de la même arme, s’avança de Samarcande sur Cachemire.

    Quoique toutes ces routes aient constamment servi au passage des armées et des caravanes depuis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours, elles ne présentent que des chemins en fort mauvais état, entrecoupés de précipices, et dévastés presque à chaque instant par les pluies, les torrens et les avalanches.

  1. Les Kirghis conduisent tous les ans à Orembourg près de cent mille brebis. La horde moyenne va jusqu’à Tomsk en Sibérie. Pour les engager au commerce d’échange, qui est tout à l’avantage de la Russie, on les a libérés du péage aux douanes, et il leur est permis de prendre, sans payer, toutes les drogues dont ils peuvent avoir besoin pour leurs malades.
  2. La pension s’élevait il y a quelque temps pour le khan des Kirghis de la moyenne horde à 600 roubles par année. Il recevait la charge de vingt chameaux en différentes provisions de bouche. Chaque grand de la horde touchait 300 roubles, et le moindre des chefs, 29 roubles.
  3. Deux missionnaires, MM. Zwick et Schil, ont tracé le portrait suivant d’un chef tartare :

    « Sereddschub, qui est colonel au service de la Russie et décoré de plusieurs ordres, est doué d’une intelligence très-remarquable et même de talens variés.