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SAINT-PÉTERSBOURG.

de tous les généraux russes qui ont servi pendant la guerre contre la France. Cette tâche herculéenne est aujourd’hui presque accomplie, et 350 tableaux sont disposés le long des murs de la galerie qui porte le nom de l’artiste, et qui, pour les proportions et les ornemens, est une miniature complète du Louvre. Quelques intervalles ont été laissés pour y recevoir les portraits en pied de plusieurs généraux de distinction, au nombre desquels sera celui du duc de Wellington. La ressemblance de ces portraits est parfaite, et si, dans quelques-uns, l’exécution n’y répond pas tout-à-fait, la promptitude que le peintre mit dans son travail suffit seule pour l’excuser. J’en remarquai deux qui ressemblent fort à Bonaparte et au duc d’York. Cette entreprise extraordinaire a déjà assuré une grande fortune à M. Daw ; 1000 roubles lui sont alloués pour chaque original, et j’apprends qu’on lui en a demandé de nombreuses copies qu’il porte chacune au taux de 2,000 roubles.

Je visitai également ce que l’on doit appeler, depuis l’importation récente de mots français, l’atelier de cet infatigable artiste ; et, en y entrant, mes yeux furent particulièrement frappés de deux portraits, grandeur naturelle, de Wellington et Kutusoff Le premier est abrité par le chêne britannique, et le second se tient sous un sapin couvert de neige, emblème du pays pour lequel il a combattu si long-temps. Mais le chef-d’œuvre de M. Daw est un portrait, grandeur naturelle, de l’Impératrice, avec le costume qu’elle avait le jour de son couronnement. Ce tableau me parut admirable. La jeune et belle souveraine n’a d’autre ornement sur sa tête que le diadème impérial, qui est petit, et tout enrichi de diamans et de perles ; ses cheveux bouclés flottent sur ses épaules. La ressemblance ne laisse rien à désirer. L’atelier de M. Daw est le lieu favori des récréations des jeunes membres de la famille impériale, qui se trouvaient dans la galerie en même temps que moi. Les princesses sont jolies, mais, comme tous les enfans russes, elles sont faibles et délicates, et je les com-