Page:Revue des Deux Mondes - 1829 - tome 1.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
GRÈCE.

sation. Les autres soutiennent que le gouvernement ne peut garantir partout aux propriétés et aux personnes la protection à laquelle elles ont droit, qu’en ayant une force régulière, à sa disposition ; que c’est là pour lui le seul moyen d’assurer l’exécution de ses décrets et de ses mesures administratives en général ; que tant qu’il ne pourra transmettre des ordres sans appui matériel, il luttera vainement contre l’esprit de localité qui entretient, dans chaque endroit, l’influence des chefs en opposition avec celle du gouvernement, et qui fait, pour ainsi dire, de ce pays autant de petits états qu’il y a d’îles et de provinces. Cependant nous croyons qu’on s’exagère généralement l’importance des capitaines grecs dans les diverses localités ; il ne serait pas très difficile de détacher le peuple de ces capitaines, qui sont en général de petits despotes avides et cruels, et dont le pouvoir repose en grande partie sur la misère de ceux qui les entourent. Qu’on donne aux Grecs un peu de bien-être, qu’on leur garantisse leurs droits contre ces hommes dont ils seront les égaux devant la loi, qu’on leur ouvre une nouvelle carrière, soit par l’agriculture, soit par des travaux publics, et l’on verra si dans quelque temps il restera de cette influence de caste autre chose que le souvenir des maux qu’elle aura causés.

Nous avons déjà exprimé le vœu que le président donnât des soins particuliers à l’encouragement de l’agriculture. Cette pensée ne saurait être pesée trop mûrement. La Morée offre, sous ce rapport, de puissantes ressources ; il ne s’agit que de les mettre en œuvre. Bien différente de la population insulaire, celle de la Grèce continentale est facile à ployer aux vues du gouvernement, surtout lorsqu’elles auront pour but de mettre en produit les terres incultes, et d’établir dans le pays l’esprit de propriété et d’industrie. Les instrumens aratoires manquent ; on devrait en distribuer. Les nouvelles méthodes de culture, dont l’expérience a démontré l’utilité, sont inconnues dans tout le pays, il faudrait en introduire l’essai par des conces-