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POLOGNE.

grands formèrent pour la première fois, en 1180, un simulacre d’assemblée nationale. Bientôt la crainte d’être dominés par l’oligarchie aristocratique engagea les souverains eux-mêmes à admettre le reste de la noblesse au pouvoir législatif (1331, 1347). Telle fut l’origine de la démocratie nobiliaire. Sa force s’accrut si rapidement, que les chevaliers teutoniques demandèrent que leurs traités avec Casimir-le-Grand fussent confirmés par les états du royaume, et pourtant l’autorité royale dominait encore les pouvoirs populaires. Mais les pactes de la noblesse avec Louis de Hongrie et Wladislas Jagellon (1374, 1404), portent déjà l’empreinte d’un grand déplacement de pouvoir. Appelés à la formation de lois, sans que son action et son influence eussent été limitées, elle ne reconnut plus tard aucune borne ; mais il est digne de remarque que toutes ces prérogatives, successivement acquises par les états du royaume, ne coûtèrent pas une goutte de sang : l’éligibilité des Jagellons et la nécessité de lever des impôts pour les guerres qu’ils eurent à soutenir, leurs libéralités dissipatrices, affermirent seules les pouvoirs nationaux. Les assemblées, convoquées d’abord à volonté par les rois, furent converties, dès 1468, en diètes régulières et représentatives. Chaque district obtint le droit d’y envoyer deux nonces. Une égalité démocratique entre les nobles forme la base de cette loi, pleine de sagesse, qui, surveillée par le génie des Jagellons, ne fournit matière à aucun abus, jusqu’à l’extinction de leur race. La représentation nationale, forte et éclairée, rendit la Pologne grande et puissante : ce fut le siècle de sa gloire et de sa splendeur ; mais la mort du dernier Jagellon (1572) laissa un champ libre aux cabales des grands et une vaste arène à l’anarchie. Jean Zamoyski, alors nonce de Belz, proposa qu’en renonçant à la représentation nationale, la noblesse pût directement participer à l’élection des rois, parce que, disait-il, chacun est obligé de concourir, sous leurs auspices, à la défense de la patrie. Ce propos acquit sur-le-