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EXPÉDITION DE L’ESPAGNE.

notez que l’on compte plus de 200 lieues espagnoles de Soto-la-Marina à Mexico, et que San-Luis n’est pas même à moitié chemin. Choisira-t-elle enfin la côte du Yucatan ? Nul doute que cette presqu’île, dont l’air est pur et le sol fertile ne soit un excellent pied-à-terre pour y attendre les évènemens avec moins de risques que partout ailleurs, ou pour en faire le foyer des intrigues que l’on conduirait dans le Mexique ou le Guatémala ; du reste, son isolement, la difficulté de ses communications et sa distance du centre de ces deux républiques, la rendent peu propre à être choisie comme point de départ d’une armée envahissante : encore faudra-t-il que les Espagnols, pour se maintenir dans le Yucatan, débutent par enlever Campêche, ville de guerre assez forte pour les occuper pendant plusieurs mois. »

« Puis il faut observer que les Mexicains ne resteront pas, pendant tout ce temps, dans l’inaction ; qu’ils ne doivent pas être assez imprévoyans pour avoir négligé ce seul point un peu vulnérable de leurs côtes, depuis quatre ans qu’il est menacé ; et en admettant que la descente ait lieu sans brûler une amorce, que personne ne s’y oppose, que la fièvre n’y exerce pas de ravages, on se demande si les envahisseurs ne seront pas obligés un jour de se mettre en mouvement vers l’intérieur du pays. Avanceront-ils, avec prudence, c’est-à-dire laisseront-ils des garnisons dans toutes les étapes, pour conserver leurs communications avec la côte ? Auront-ils des magasins à garder, des convois à escorter, des routes à nettoyer ou à éclairer ? Alors les 8,000 hommes seront bientôt absorbés par ce service. »

L’intention de Barradas est, dit-on, de prendre une position sur la côte, de s’y fortifier, et de souffler de là le feu de l’insurrection dans le pays ; jusqu’à l’arrivée des forces que lui promet l’Espagne. Mais l’état de Yucatan, comme nous l’avons déjà remarqué, semble peu propre à l’exécution d’un