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INDIENS CHÉROKÉES.

à ne se porter contre eux à aucun acte de violence, parce qu’ils y sont sous la sauve-garde des États-Unis. Toutefois, voulant inspirer une terreur salutaire aux chefs qui seraient tentés de se laisser séduire, il leur rappelle quel fut le sort du chef creek Mackintosh. « Cet infortuné, dont la conduite avait toujours été des plus nobles, s’étant laissé corrompre par l’appât de l’or et par des promesses de protection, avait signé un traité ruineux pour son pays. Le lendemain, au point du jour, il est arraché au sommeil par les cris de ses compatriotes furieux, par les gémissemens que poussent sa femme et ses enfans en voyant sa maison environnée de flammes. Il prend son fusil, arrête les assaillans sur le seuil de la porte ; mais après une résistance héroïque, il tombe sous les coups de ses anciens amis, dont l’admiration s’était subitement changée en haine. On le traîne après sa mort dans la cour, et là, sous les yeux de ses enfans, on lui fracasse la tête à coups redoublés de carabine. Deux autres chefs subirent le même châtiment, pour avoir trempé dans la spoliation de leurs frères.

» Dans le catalogue noir des infâmes, dont l’avarice a causé l’opprobre, le traître Arnold et Judas Iscariote jouissent d’une horrible célébrité. Mais qu’il y ait un Chérokée assez perdu d’honneur, assez criminel, pour accepter la richesse au même prix, c’est ce dont je doute : non, il n’en existe point. »

Cependant la Georgie a résolu de contraindre les Chérokées à reconnaître son autorité, ou à quitter son territoire, et elle leur a donné jusqu’au mois de juin 1830, pour choisir l’une de ces deux alternatives. Ces Indiens se sont en conséquence adressés au gouvernement général (février 1829) ; mais ils ont beau cette fois objecter que « n’ayant eu aucune part à l’établissement du gouvernement de l’Union, ils ne sont point passibles de ses lois, qu’ils n’ont jamais été dépendans d’aucun état, et que la résolution prise par la Georgie est une usurpation de pouvoir qui n’est justifiée ni par le droit com-