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VARIÉTÉS.

qu’ils étaient appelés à remplir cette glorieuse mission de réforme et de domination ?

Une tradition, d’ailleurs, reçue comme authentique, attribue à Mahomed une prophétie d’après laquelle l’Afrique occidentale est désignée comme le théâtre futur d’une révolution remarquable : elle annonce en effet qu’un jour un soleil se lèvera au couchant ; et pour les Arabes, le couchant (al-maghreb), c’est l’Afrique occidentale. Aussi est-ce en ces contrées qu’ont apparu à diverses fois de prétendus Mahdy dont quelques-uns ont bouleversé les gouvernemens établis, pour s’élever à leur place, et sont devenus les fondateurs de puissantes dynasties.

Tel fut O’bayd-Allah ben Mohhammed, le schyayte, qui, le premier, voulut justifier la prophétie en s’élevant en occident au temps marqué par elle, c’est-à-dire, à la fin du troisième siècle de l’hégire. Il prit le titre de Mahdy, que portèrent aussi ses successeurs immédiats, lesquels publiaient que, par une sorte de métempsycose, l’esprit du dernier Imâm vivait et se perpétuait héréditairement en eux. Ce fut à Ségélmâsah, sur la limite atlantique du grand Ssahhrâ, que O’bayd-Allah saisit l’étendard de la réforme et de la conquête ; de proche en proche, sa dynastie, élevée sur les ruines de dynasties rivales[1], porta jusqu’au Caire le siége de sa puissance…

À l’exemple d’O’bayd-Allah, mais substituant le titre plus modeste de Marabouth ou ermite à celui de Mahdy, A’bd-Allah ben Yasyn Al-Gézouly prêcha la réforme, et la faisant triompher par le glaive, jeta au milieu des belliqueuses tribus de Ssanhâgah les fondemens de la dynastie des Lamtounydes, qui étendirent bientôt leur empire depuis l’Océan jusqu’à l’Égypte, et depuis les bords de l’Èbre jusqu’au cœur des états nègres, limitrophes des populations mauresques. Les roman-

  1. Edrysytes de Fès, Aghlabytes de Qayrouan, Medrârytes de Segelmâsah, Rostomydes de Tahort, etc.