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ESPAGNE.

bre ait été revêtu de l’épiscopat, et à peine rencontre-t-on des prêtres dont on connaisse les familles. Il ne faut cependant pas en conclure que tous les prêtres espagnols soient nés dans les dernières classes de la société ; cette conséquence serait fort inexacte pour des provinces telles que les Asturies, la Biscaye, la Navarre et une grande partie de la Vieille-Castille, où la presque totalité de la population est noble par droit de naissance. Il est seulement vrai que les classes aisées ou éclairées ne songent guère à faire embrasser à leurs enfans la carrière ecclésiastique, malgré les avantages qu’elle présente. Les espérances de placement ne sont pas assez prochaines pour déterminer les jeunes gens qui se sentent quelque capacité, à consacrer les plus belles années de leur jeunesse à des études tout-à-fait inutiles dans les autres professions. L’éloignement des familles a d’ailleurs un autre motif. Il n’y avait pas en Espagne, avant la révolution, des abbayes et des prieurés comme il en existait en France, et qui exigeaient la résidence. Ces bénéfices appartenaient exclusivement aux quatre ordres militaires de Saint-Jacques, de Calatrava, d’Alcantara et de Montésa. Les titulaires étaient tous ou avaient été officiers de l’armée de terre et de mer. Les corporations ecclésiastiques qui dépendaient de ces ordres, étaient de vrais couvens ; en un mot, on ne connaissait pas de feuille des bénéfices. Il fallait nécessairement passer par la camara du conseil de Castille, et rien de moins certain que le succès de cette candidature.

Toutefois il y eut quelques exceptions, surtout sous le règne de Charles ix ; mais elles ont été trop peu nombreuses pour contredire ces observations.

Pendant la faveur, ou pour mieux dire, pendant le règne du prince de la Paix, une partie des bénéfices ecclésiastiques et particulièrement les canonicats furent demandés et obtenus par des personnes qui n’appartenaient point à l’Église. Tel solliciteur qui courait après une intendance ou un corrégidorat,