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ESPAGNE.

vertus. Il faut aussi comprendre dans cette classe la presque totalité des monges, surtout les bénédictins. Les jésuites, dont la tradition, pour le dire en passant, est totalement perdue en Espagne, étaient généralement fort instruits. Après leur destruction, un petit nombre d’entre eux, s’étant soumis aux conditions imposées, purent rentrer dans le royaume. Le fameux père Isla avait été jésuite, et il n’a pas peu contribué, par ses écrits, à répandre les lumières. La hardiesse de ses pensées, et le talent avec lequel il les présentait, lui ont mérité une place remarquable parmi les écrivains espagnols du 18e siècle. C’est à la même corporation qu’appartenait le célèbre critique Méusda.

Le bas clergé, d’après l’espèce de statistique ecclésiastique que nous venons d’établir, se composait du bas chœur des chapitres cathédraux, des curés du second ordre, des moines de toutes les espèces, appelés frayles, et de cette foule innombrable de prêtres attachés aux églises comme desservans, ou pourvus de petits bénéfices, connus sous le nom de capellanias, d’un très-mince revenu, et dépendant, pour la plupart, des familles dont les ancêtres les avaient fondées. Tel grand d’Espagne, par les revenus des majorats accumulés dans sa famille, avait à sa nomination plusieurs centaines de bénéfices simples, toujours donnés aux gens de sa maison. On peut citer à ce sujet le duc de Médinacéli, qui pouvait certainement placer en canonicats, cures, provendes, chapellenies, aumôneries, etc., plus de mille sujets, plusieurs de ces bénéfices n’exigeant point que les titulaires fussent prêtres. Mais il était rare qu’ils ne le devinssent pas, afin de ne point se trouver inhabiles à d’autres fonctions de leur état où cette condition était de rigueur. Les jeunes gens, que leurs parens, presque tous pauvres, destinaient à l’état ecclésiastique étaient obligés de fréquenter les universités au moins pour la forme ; ils s’y rendaient à l’époque des cours, et encombraient les villes où elles étaient situées. Ils vivaient dans un état de misère et de dénuement qui avait fait passer en proverbe l’expression