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CORRESPONDANCE DIPLOMATIQUE.

une vive impression sur l’infant ; il était visiblement ému, et, après quelques momens de réflexion, il se rendit enfin aux conseils de l’amitié et de la raison. À partir de ce moment, sa conversation devint vive et animée. Il s’exprimait avec moi aussi librement et aussi franchement que jusqu’alors il avait été réservé dans ses réponses. Il me dit qu’il était prêt à partir pour l’Angleterre, afin de s’y embarquer le plus tôt possible sur un vaisseau portugais ; qu’il donnerait, en conséquence, les ordres nécessaires, et qu’il me priait d’écrire en Angleterre et en Portugal pour en accélérer l’exécution ; car il considérait comme une chose due à la nation portugaise et à lui-même, de ne pas retourner dans son pays sur un autre bâtiment que sur un vaisseau portugais. Dans le cours de cette conversation, il ne nia pas qu’il eût eu quelques craintes de traverser l’Angleterre, parce qu’il savait qu’on y avait entretenu contre lui des préjugés qui lui faisaient redouter d’y être mal accueilli. Il commença ensuite, de son propre mouvement, à me parler avec chaleur de la ligne de conduite qu’il se proposait de suivre à son arrivée à Lisbonne, et, je l’avoue, je fus surpris de la rectitude des principes et de la sagesse des vues qu’il me détailla avec une clarté et une précision remarquables. La manière dont l’infant s’expliquait en cette occasion ne me permet pas de douter qu’il ne soit animé des meilleures dispositions, et non-seulement qu’il ne soit fermement résolu à maintenir la charte, mais encore qu’il ne voie l’importance et la nécessité d’agir ainsi. En me quittant, il me pria de porter ses déterminations finales à la connaissance de l’Empereur, ce que je me hâtai de faire, et il me demanda d’être assez bon pour concerter avec les ministres portugais tous les arrangemens relatifs à son départ, ce que nous venons d’accomplir, et ce dont j’aurai l’honneur de vous informer dans une dépêche que vous portera M. de Neumann.

Tel est le récit fidèle de ce qui s’est passé ici avec l’infant,