Page:Revue de métaphysique et de morale - 30, 1-2.djvu/242

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je m’en rapporterai, pour les citations des Pensées, à l’ordre proposé par M. Brunschvicg. — Quant aux ouvrages de Kierkegaard, une seconde édition de ses œuvres complètes est actuellement en cours de publication. Il en a paru une édition allemande (chez Diederichs, Iéna). Elles comprennent quatorze volumes. Mais, en outre, on a commencé la publication intégrale du Journal et des papiers intimes de Kierkegaard (par P.-A. Heiberg et V. Kuhr). Jusqu’à présent onze volumes ont paru et il reste encore la matière de sept volumes. Nous sommes donc en présence d’une production très volumineuse. En français, une belle étude sur Kierkegaard par M. Delacroix a été publiée, en 1900, dans la présente Revue, qui a donné aussi, en 1913, un discours prononcé par l’auteur de ces lignes à l’Université de Copenhague pour célébrer le centenaire du philosophe danois (5 mai 1913). Une monographie sur Kierkegaard philosophe, que j’ai écrite en 1892, a été traduite en allemand et va être traduite en espagnol.

L’hypothèse d’une influence exercée par Pascal sur Kierkegaard paraît moins que probable. Il est vrai que les œuvres de Pascal, en traduction allemande, figurent dans l’inventaire de la bibliothèque de Kierkegaard, mais ce n’est que sur le tard (en automne et en hiver 1850[1]) que ce dernier fait mention de Pascal dans son Journal, — c’est-à-dire à un moment où il avait déjà donné les écrits [La Maladie à la mort (1849) et L’Exercice dans le Christianisme (1850)] qui présentent le plus d’affinité avec les idées de Pascal. Il a lu, depuis, divers ouvrages traitant de Pascal, notamment celui de Reuchlin, relatif au Port-Royal, et il a remarqué la différence qui existe entre les anciennes éditions des Pensées et celle due à Faugère où se trouvent admises les notes les plus révolutionnaires. (Les traductions allemandes représentées dans la bibliothèque de Kierkegaard avaient toutes été faites sur les premières éditions.)

Dans le rapprochement des deux penseurs que je vais entreprendre, je m’arrêterai successivement à leur tempérament et à leur caractère, à leurs antécédents intellectuels, à leur rapport au christianisme et à la question de savoir quelles voies ils laissaient ouvertes au moment où ils se turent.

  1. D’après un renseignement que je dois à l’obligeance de M. P.-A. Heiberg, l’un des éditeurs du Journal.