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les rend aptes à produire par leur accumulation, l’image d’un objet unique et permanent, et conservant leur conformité avec l’objet, malgré le vide de leur intérieur, parce que l’objet a donné à chacune de leurs surfaces un appui suffisant, au moyen de l’impulsion imprimée au simulacre, dans le sens de l’intérieur à l’extérieur, par les atomes vibrants du corps solide et plein qui le lance dans le milieu. Ainsi l’image que nous saisissons par l’activité de notre pensée ou par celle de nos sens, qu’il s’agisse d’une forme ou d’un attribut essentiel de la forme, est la forme du solide, c’est-à-dire de l’objet même, c’est la forme de l’objet réel produite par la fréquence successive du simulacre ou par ce qui en reste. Pour ce qui est de l’erreur et de la fausseté, elles résident toujours dans l’opinion que nous formons touchant l’objet de notre attente, en regardant cette opinion comme devant être confirmée, ou comme ne devant pas être infirmée par les sensations, alors qu’il se trouve, par la suite, que la confirmation manque ou que le démenti survient. (51) Et notre théorie explique tout ce qu’il faut : car, d’une part, s’il n’y avait pas des simulacres lancés vers nous, on ne saurait expliquer la ressemblance que présentent, avec ce qu’on appelle les êtres réels, ces fantômes tels que les images des miroirs ou des rêves ou tels que les images résultant d’une représentation de notre pensée, ou de l’un des autres critères ; et, d’autre part, l’erreur ne saurait se produire si nous ne pouvions saisir en nous-mêmes l’existence d’une action liée à l’appréhension de l’image, mais qui s’en écarte cependant. Si l’affirmation produite par cet acte d’opiner n’est pas confirmée ou est infirmée, il y a erreur ; si elle est confirmée ou n’est pas infirmée, il y a vérité. (52) Voilà une doctrine qu’il faut maintenir fermement : d’une part, afin de ne pas renverser les critères que nous fournit sous diverses formes l’évidence sensible ; de l’autre, afin de ne pas mettre le faux sur le même pied que le vrai et par là porter dans tous les domaines le trouble et la confusion.

L’audition aussi est produite par un certain courant transmis