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des vitesses insurpassables, car ils sont capables d’accomplir, aussi vite qu’on veut, un trajet quelconque, puisqu’à un nombre infini d’entre eux rien (ou peu de chose) ne fait obstacle, tandis que pour beaucoup et même pour une infinité quelque chose aussitôt fait obstacle.

(48) Ajoutons que la génération des simulacres est rapide comme la pensée. Et en voici les raisons : leurs éléments sont toujours prêts, sortant de la surface des corps par un écoulement continuel, sans qu’il s’ensuive pour ceux-ci une diminution sensible et révélatrice, parce que la perte est compensée ; puis, sortis des corps, les éléments des simulacres n’ont qu’à conserver, et conservent chacun pendant longtemps, la position et l’ordre où ils se trouvaient à la surface de ces corps, bien qu’il survienne parfois de la confusion ; enfin, comme il n’est pas nécessaire que les simulacres soient remplis en profondeur, des assemblages serrés se forment rapidement dans l’atmosphère. Il y a encore d’autres causes qui produisent également des simulacres, comme on peut l’admettre ; car ni ces divers modes de formation ni rien de ce que nous avons dit jusqu’ici touchant les simulacres, n’est contredit par les sensations, et bien loin de là, ainsi qu’on s’en apercevra en se demandant comment faire pour apporter, des objets extérieurs jusqu’à nous, des représentations qui garantissent évidemment l’existence de ces objets et qui, d’autre part, leur soient conformes.

(49) Il faut admettre que c’est parce que quelque chose des objets extérieurs pénètre en nous que nous voyons les formes et que nous pensons. Car les objets extérieurs ne sauraient imprimer en nous, à travers l’air, les couleurs et les formes qu’ils possèdent en eux-mêmes, ni nous les laisser saisir par des rayons ou par un courant de nature quelconque allant de nous à eux ; rien de tout cela n’est satisfaisant comme d’admettre que des répliques détachées des objets et en reproduisant les formes et les couleurs entrent, sous des grandeurs proportionnellement réduites, dans nos yeux ou dans notre esprit ; elles sont d’ailleurs animées d’un mouvement rapide, (50) ce qui