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réserves sur une méthode qui n’est ni purement historique (le même moment dialectique comprend les ascètes bouddhistes, les prophètes d’Israël, les sages stoïciens, les puritains de la Réforme, et Kant), ni purement dialectique (puisque le livre conclut à l’acceptation du dogme chrétien). Mais on ne peut que louer les très intéressants chapitres sur l’idée d’infini (discussion des théories de Max Müller : l’infini comme pure négation du fini, et de M. Spencer : l’infini comme l’inconnaissable, l’absolu dont nous connaissons seulement les négations et les limitations finies) — et les pénétrantes études sur l’enseignement moral de Jésus, de saint Paul et de saint Jean (vol. II, 6e, 7e, 8e et 9e leçons).

Die Willensfreiheit und ihre Gegner von Dr Constantin Gutberlet, 1 vol. in-8, Fulda, Fuldaer Actiendruckerei, 1893.

Chapitres : I. Qu’est-ce que le libre arbitre ? — II : Preuve du libre arbitre. — III. La statistique morale. — IV. Le libre arbitre et l’anthropologie (Lombroso). — V. Le libre arbitre et la psychologie physiologique (Wundt, Munsterberg. Th. Ziehen). — VI. Le libre arbitre et la spéculation (Schopenhauer, Rée, Paulsen, H. Höffding). — VII. Le libre arbitre et la mécanisme universel (Lotze).

Dans ce plaidoyer pour la liberté, ou plus exactement, pour le libre arbitre, sont consciencieusement analysées, et non moins consciencieusement réfutées, les principales théories déterministes contemporaines.

Il Criterio per la suelta della Cognitioni, par N. Fornelli. — Extrait de la Rivista italiana de Filosofia, Rome, novembre-décembre 1892.

D’après quel critère faut-il établir les programmes d’enseignement et choisir les matières de ces programmes ? — Telle est la question que se pose M. Fornelli ? Pour lui l’éducation doit avoir une fin non purement individuelle, comme serait le plus grand développement possible des facultés de l’élève, ni purement humaine comme serait le plus haut degré possible de culture générale — mais collective et sociale. L’éducation consiste essentiellement en une adaptation ; « par l’éducation, nous adaptons ceux qui doivent nous succéder à la vie que nous vivons ». On trouvera donc le critère cherché dans l’idée d’une éducation « qui, relative à un temps, à un milieu, à un pays, se proposerait de développer toutes les facultés de l’homme, considéré comme individu et comme citoyen, en vue de l’existence humaine et nationale ». Le vrai système pédagogique ne devrait pas être tout utilitaire, c’est-à-dire se borner à des résultats pratiques, ni entièrement classique à étudier l’antiquité pour elle-même, mais national. Or, quand il s’agit d’un pays de race latine, et surtout de l’Italie, c’est dire qu’il devra être fondé principalement sur l’étude de la langue et de la littérature romaines. Ainsi « il sera proprement adapté à la vie italienne constituée surtout par une stratification profonde de romanisme antique et moderne ».

C’est là, pour un problème aussi complexe, une solution qui peut paraître un peu simple.


CORRESPONDANCE

À Monsieur le Directeur de la Revue de Métaphysique et de morale.

Monsieur le Directeur,

Le dernier numéro de votre Revue contient sur mon livre : Platon et sa Philosophie, etc., un compte rendu avec une appréciation qui est loin de m’être favorable. Les critiques principales me paraissant mal fondées, je pense que vous ne me refuserez pas de brièvement y répondre.

1o L’auteur blâme ma méthode, « d’où découlent, dit-il, toutes mes erreurs », et il m’indique la sienne. Je n’ai pas assez donné d’importance au mythe platonicien. Selon lui, tout ce qui est de Dieu comme être personnel, de ses attributs moraux ; ce qui est aussi de l’âme humaine, de sa nature, de sa spiritualité, de son immortalité, etc., est de la pure mythologie dans Platon. Le reste appartient à la dialectique. Je la connais très bien cette méthode, c’est celle que, sous un autre nom, je combats partout dans mon livre. C’est la méthode hégélienne ou sémi-hégélienne qui conclut à un Dieu impersonnel, sans conscience, etc., et qui nie l’immortalité de l’âme au sens vulgaire, c’est-à-dire la survivance de la personnalité. Je ne suis pas tout à fait de cet avis ; et c’est pourquoi j’ai, selon lui, « christianisé Platon », soit ; mais encore fallait-il le prouver. Votre collaborateur affirme et ne prouve pas ; sa critique est toute dogmatique. Pour moi, ce n’est pas de la vraie critique.