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causalité. Mais il ne faudra pas négliger dans l’effort, comme non essentiel, l’élément représentatif, réduire l’effort, désir accompagné de réflexion, au simple désir, ni le désir, tendance accompagnée de conscience, à la tendance aveugle. Nous ne pouvons poser, au contraire, que « dans l’esprit et par la pensée », cette « continuité de deux états », cette « unité d’une dualité » (p. 32), qui constitue la causalité. « L’expérience de la causalité efficiente est la même chose que l’expérience de la pensée » (p. 41),

Mais nous ne nous bornons pas à affirmer qu’il y a de la causalité dans le monde, nous affirmons que cette causalité est universelle : comment pouvons-nous ériger l’idée de causalité en principe ? Ce problème est l’objet du chapitre II (Le principe, son origine, sa nature, ses conséquences). M. Fonsegrive essaie successivement de démontrer que le principe de causalité ne peut être produit, ni selon la doctrine de l’empirisme courant, par l’expérience extérieure, ni selon la théorie kantienne, par une forme latente de notre intelligence, ni, selon l’opinion de M. Rabier, par une induction lente, fondée à la fois sur l’expérience interne de notre causalité sur l’expérience externe. Il reste de l’attribuer à « une sorte d’induction qu’on pourrait appeler immédiate » (p. 57), à « une analyse immédiate de l’expérience » (p. 59), à cette intuition de l’esprit qui saisit dans le particulier l’universel et l’essentiel. « L’acte de la pensée étant posé, la relation causale qui existe entre le moi et sa pensée, étant constatée, l’esprit voit dans cette relation, non un accident, mais la loi même d’existence de la pensée… Cette identité fondamentale de la pensée et par suite de la causalité avec elle-même est saisie du premier coup » (p. 58). — De plus « l’analyse de la pensée nous donnait une relation essentielle entre ce qui commence d’exister et quelque chose qui le détermine à exister ; que maintenant ce qui commence d’exister soit la pensée même ou toute autre chose, peu importe, du moment que c’est une chose qui commence d’exister, elle rentre sous la loi commune à tous les commencements d’existence » (p. 59). Le principe de causalité, dont l’universalité absolue est maintenant fondée, sera donc a posteriori et synthétique, en tant qu’il unit deux termes donnés dans l’expérience, — a priori et analytique, dans la mesure où l’esprit érige cette union en une loi universelle par « une analyse immédiate de l’expérience, qui n’est sujette à aucun doute » (p. 59). Principe véritablement premier dont les principes d’identité et de raison ne sont que les abstractions et les simplifications, il nous permet de remonter, de degré en degré, jusqu’aux vérités éternelles, et jusqu’à la réalité suprême en qui elles résident, jusqu’à Dieu.

Reste (Chap. III) à déterminer la nature de la causalité. On ne peut, avec l’ « ancienne philosophie », la concevoir comme une « influence » physique ; et l’action par contact étant, d’autre part, reconnue impossible, il reste qu’il y ait action à distance, et que cette action de la cause sur l’effet, étant efficace sans être ni spatiale ni transitive, soit de nature spirituelle. — Cette union spirituelle de la cause et de l’effet, M. Fonsegrive en définit ailleurs le caractère avec plus de précision : pour étudier la causalité, nous dit-il, il ne se place ni au point de vue de la cause, ni au point de vue de l’effet, mais bien, comme le veulent les positivistes, au point de