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Il est temps de conclure. La Psychologie des Idées-forces, en portant des coups irréparables à l’intellectualisme et à l’épiphénoménisme, contribuera puissamment à la ruine de la conception primitive de l’esprit comme d’un miroir, d’un appareil représentatif des choses, et en montrant la pensée sous son vrai caractère d’activité et de force, supprime l’ancienne division du Cosmos en deux tronçons hétérogènes, l’un tout action et réalité, l’autre tout passivité et reflet. Il n’y a plus d’une part un monde fait pour être connu, d’autre part un être fait pour le connaître. Il n’y a partout qu’action réciproque et production de résultantes ayant une valeur propre, non une valeur de répétition, d’écho, de représentation. Mais ipso facto la connaissance, qui semblait irrémédiablement compromise, est sauvée et rétablie dans sa véritable nature d’identité avec l’être, avec le réel, grâce précisément au monisme qui, posant l’uniformité d’essence de tous les êtres de l’univers ainsi que leur intégration et leur intensification progressives dans la conscience de l’être pensant, établit par là même qu’en soi l’état de conscience, point de rencontre et d’union de deux volontés, de deux réalités, n’est autre chose que la Réalité se saisissant elle-même, telle qu’elle se fait et au moment où elle se fait, et qu’ainsi, connaissance subjective et connaissance objective se confondant, les états de conscience, dans leur série qui se déroule sans fin, sont comme tels la science même.

Georges Remacle.