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DU
VRAI SENS DE LA DIALECTIQUE DE HÉGEL




Le vrai sens de la dialectique hégélienne a souvent été méconnu : c’est qu’on n’a pas compris, généralement, d’une manière exacte, quelle en était la relation à l’expérience. D’une part, non seulement les critiques de Hégel, mais encore la plupart de ses disciples, sont d’accord pour admettre que, s’il ne s’appuie en aucune façon sur l’expérience, le procès dialectique perd son fondement. Et cependant, si incomplète que la Logique dût demeurer, mise à part de la Philosophie de la nature et de la Philosophie de l’esprit, Hégel croyait certainement avoir, tout au moins sur le domaine de la Logique, atteint le règne de la pensée pure, qui ne réclame aucune condition extérieure pour se développer comme telle. Comment concilier ces deux exigences du système, qui semblent, à première vue, bien incompatibles ? Nous essayerons de voir, d’abord, si, véritablement, la dialectique est une méthode qui se développe hors de toute relation à l’expérience, soit au cours de la Logique, soit lorsque, au terme de cette partie du procès dialectique, nous atteignons l’idée absolue. Ces deux points discutés, nous pourrons aisément étendre nos conclusions à la Philosophie de la nature et à la Philosophie de l’esprit, et voir si, comme on le prétend, Hégel, en déduisant la Nature et l’Esprit de la Logique, a prétendu les rabaisser au rang de pures formes logiques, et démontrer la possibilité de réduire toutes choses à la pensée pure.


II


Les passages où Hégel traite du rapport de la dialectique à l’expérience peuvent, au premier abord, sembler contradictoires. Hégel,