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tations, ainsi que cela était, je crois, dans votre ancien projet de classification.

Nous étions convenus déjà, comme vous le rappelez, que les affections n’étaient point susceptibles de s’associer comme les intuitions en divers groupes, mais c’est justement par la raison qu’elles ne laissent point de traces ou qu’elles n’offrent rien qui corresponde aux images des intuitions ; par la même raison aussi, il n’y a point d’affections comparatives et les rapports d’intensité ne tiennent point à ces impressions de la même manière que ceux d’extension et de grandeur paraissent tenir aux intuitions naturellement coordonnées dans un espace. S’il y a des réminiscences et des comparaisons d’affections, les facultés ou opérations intellectuelles qui s’appliquent et s’ajoutent à ces modes de notre sensibilité passive n’y prennent point leur source et n’y sont point inhérentes.

Je ne conçois pas pourquoi l’incitation n’est jamais produite immédiatement par l’affection sensitive, mais bien par une intuition accompagnée d’une affection, ou par une image accompagnée de tendance. Est-ce qu’il n’y a pas une multitude de déterminations qui dans l’ordre naturel sont produites par des affections immédiates et sans l’intermédiaire des intuitions ? Or ces déterminations motrices, produites ainsi par les affections, comme toutes celles qui ont lieu dans l’instinct animal, ne seraient-elles pas bien nommées tendances, et ces tendances ainsi proprement nommées ne correspondraient-elles pas bien alors aux incitations, celles-ci étant des déterminations motrices liées aux intuitions accompagnées d’affections, comme les tendances simples sont liées aux affections simples ou sensitives ? J’avoue que, l’acception du terme tendance étant ainsi changée, il faudrait un mot nouveau, pour exprimer les espèces de traces que les affections sensitives laissent immédiatement après elles.

Nous avons déjà dans notre langue les termes besoins, appétits, velléités ou penchants qui me paraissent propres à exprimer ce phénomène ; je préfère le mot appétit qui a déjà cette acception dans la langue de divers physiologistes et métaphysiciens. En substituant ainsi le mot appétit à celui de tendance, je mettrais ce dernier à la place de ce que vous appelez incitations immédiates, qui sont des déterminations motrices correspondantes à des intuitions jointes à des affections ou des appétits ; les incitations que vous spécifiez sous le titre de subséquentes seraient les seules que je voudrais appeler incitations ; ce sont celles aussi qui laissent après elles des habitudes