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quant à l’ordre et au mode général de transformation. Le sens de la transformation est évidemment double, d’où il résulte qu’à l’évolution se joint la dissolution ou passage de l’agrégat par les mêmes états, mais en sens inverse.

En résumé, tous les agrégats matériels, considérés dans leur ensemble et dans leurs détails, évoluent suivant une même loi et se dissolvent suivant une même loi ; tous, « depuis leur sortie de l’imperceptible jusqu’à leur rentrée dans l’imperceptible » vont de «l’homogénéité indéfinie et incohérente à l’hétérogénéité définie et cohérente » et retournent de l’homogénéité définie et cohérente à l’homogénéité indéfinie et incohérente. Ni la grandeur de l’agrégat, ni la grandeur numérique de la multiplicité de succession, ni son étendue, c’est-à-dire la longueur du segment qu’elle occupe sur la ligne du temps, ne contribuent à altérer la forme et l’allure générale des transformations. La loi d’évolution s’applique à toutes les existences en soi, quelles qu’elles soient. On peut, par conséquent, l’étendre finalement à la multiplicité totale et à l’universum qui en est le substrat, et affirmer que l’univers, dans son tout aussi bien que dans ses parties, de dimensions et de composition quelconques, se modifie en vertu de la loi formulée au sujet des agrégats particuliers[1].

La loi d’évolution se complète par une loi inverse de la dissolution. À elles deux, elles gouvernent toutes les transformations. Celles-ci s’exprimant, d’ailleurs, en termes de matière et de mouvement, les deux lois d’évolution et de dissolution énoncent des manières d’être de la matière et du mouvement ; elles énoncent les deux modes généraux de la « redistribution continue de la matière et du mouvement». « L’évolution est une intégration de matière accompagnée d’une dissipation de mouvement, pendant laquelle la matière passe d’une homogénéité indéfinie, incohérente, à une hétérogénéité définie, cohérente , et pendant laquelle le mouvement retenu subit une transformation analogue. » La dissolution est la transformation inverse.

Après avoir ainsi identifié les évolutions et les dissolutions des agrégats et après les avoir ramenées à deux formes et à deux seulement de transformations, il ne reste plus maintenant, pour achever

  1. « Nous sommes amenés à conclure que le procès total des choses, tel qu’il se déroule dans l’agrégat de l’univers visible, est analogue au procès total des choses, tel qu’il se déroule dans les agrégats plus petits. » (Premiers Principes, trad. française, p. 480.)