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pas entouré de néant. Oui, sans doute, il y avait, même avant tout organisme corporel, quelque chose de commun, si peu que ce pût être, entre le principe de la vie et le milieu terrestre ; mais cette communication ne suffisait pas à déterminer le moindre éveil de la conscience ; elle ne constituait pas une impression.

Comment le principe de la vie devient-il impressionnable au milieu terrestre où il est engagé ? Nous l’ignorons, mais il nous faut bien accepter les résultats de l’observation, et nous ne sommes pas tenu de résoudre tous les problèmes que nous rencontrerons.

C’est un fait que la plus haute, la plus éclatante manifestation de la vie, le phénomène de conscience est irréductible aux conditions et aux propriétés physico-chimiques, à l’étendue et à la pesanteur par exemple. C’est un fait encore que, en dépit de cette irréductibilité, il y a communication entre les phénomènes de conscience et ceux de l’espace et de la matière pesante, puisque l’impression des objets physiques sur les nerfs détermine des états moraux, des sensations. C’est un fait encore qu’on n’a pas trouvé un état moral, un phénomène de conscience qui ne fût déterminé par une impression interne ou externe. Que nous soyons capables ou non d’expliquer ces faits, d’en concevoir les relations intimes et profondes, ils n’en existent pas moins et s’imposent comme base à nos spéculations sur l’origine de la vie.


IV


Pour éviter une explication anti-scientifique de l’apparition de la vie sur la terre, pour n’avoir pas à admettre qu’elle y ait été créée brusquement (après le refroidissement superficiel de la terre) par une action directe, surnaturelle, ou bien qu’elle y ait été apportée, dans des germes tout formés, par quelque autre monde déjà peuplé rencontrant le nôtre refroidi, hypothèse qui transporte simplement la difficulté à cet autre monde, nous avons supposé que le principe de la vie a préexisté aux germes sur la terre, que c’est lui qui les a formés, qu’il a été contemporain des éléments terrestres dès l’origine de leur évolution cosmique.

Dans cette hypothèse, l’apparition de la première cellule vivante, germe du premier végétal, s’explique par la tentative initiale du principe de la vie, dont l’activité avait été jusque-là impersonnelle, diffuse, latente et inconsciente, pour s’individualiser en s’organisant,