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admettre que les seules relations que le premier était capable alors de soutenir avec le second, excluant toute organisation, même la plus élémentaire, ne permettaient pas à la vie de se manifester. C’est ce que nous aurons à examiner de plus près.

Les expressions principe vital, force vitale, sont surannées et très discréditées dans la science, parce qu’elles ont été créées avant que l’existence de leur objet eût été rigoureusement démontrée. Elles mettent les savants en défiance, parce qu’elles leur rappellent les entités tout artificielles qu’on imaginait avant Bacon, qu’imaginent encore les adeptes du spiritisme pour expliquer les phénomènes, et qui n’expliquent rien. Cependant, les savants ne se refusent pas à admettre la découverte d’un nouveau corps, simple ou composé, en chimie, c’est-à-dire d’une entité chimique qui se distingue de toutes les autres entités par des caractères propres, irréductibles. Pourquoi n’admettraient-ils pas, au même titre, l’existence d’un principe de vie distinct, si la vie réunit des caractères également propres, irréductibles ?

Ce principe est sans aucun doute d’une nature plus complexe que les forces physico-chimiques. D’une part il constitue une force, au même titre, dans le sens mécanique du mot, en tant qu’il est capable d’agir dans l’espace et sur la masse matérielle soit en déterminant l’évolution des formes organiques, soit en opérant les contractions et les détentes musculaires ; d’autre part il échappe à tout classement dans les forces mécaniques en tant que son champ d’action psychique n’a aucune commune mesure avec l’étendue, encore que son activité psychique soit conditionnée par celle-ci et en rapport constant avec les forces physico-chimiques.

Notre tentative d’expliquer par la préexistence du principe, quel qu’il soit, de la vie l’apparition de celle-ci sur la terre, ne saurait être qu’une hypothèse, car l’observation directe ne saurait atteindre des phénomènes qui se sont passés il y a des millions d’années.

Malheureusement les hypothèses de ce genre manquent de la sanction qui donne du crédit aux autres hypothèses scientifiques ; elles sont impossibles à vérifier par l’expérience, parce qu’elles sont purement historiques et n’intéressent que les phénomènes passés. Quand, au contraire, les hypothèses concernent des phénomènes toujours renouvelables ou constants comme ceux de la lumière, par exemple, on peut les vérifier en instituant des expériences, en créant les conditions qui, d’après ces hypothèses, doivent déter-