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les savants s’accordent pour reconnaître aux phénomènes de conscience, sensations, idées, volitions, passions, un caractère irréductible aux propriétés définies par les sciences dites naturelles (mécanique, physique, chimie et physiologie).

Ce caractère spécifie la vie spirituelle, mais il laisse entière la question métaphysique du lien de la physiologie avec la psychologie. La vie spirituelle n’est-elle qu’une résultante des actions physiologiques dont la matière est le substratum, ou relève-t-elle d’un principe propre, distinct quoique dépendant de ce substratum ? C’est ce que les savants, attachés à la méthode expérimentale, ne se proposent pas de décider. Ils se bornent à constater les relations phénoménales de ces deux sortes de vie, sans en considérer le rapport substantiel.

Les sciences naturelles pourront arriver à déterminer les conditions matérielles des phénomènes de conscience ; on peut espérer qu’un jour une connaissance beaucoup plus avancée du système nerveux, des cellules cérébrales et de leurs relations permettra d’expliquer tout le conditionnement physiologique de ces phénomènes et peut-être même de les provoquer à coup sûr, mais actuellement un immense travail préparatoire s’impose encore aux savants pour y réussir. Ils se préoccupent d’abord, en tant que physiologistes, de rechercher quelles sont les lois d’une vie inférieure mais visiblement liée à la vie spirituelle et qui la conditionne.

Cette vie inférieure, dont l’organisme corporel est le siège, a, comme celle-ci, son plus haut type dans l’homme, mais elle se prolonge en arrière en se simplifiant de plus en plus, en deçà même du règne animal, car les points de contact entre la physiologie animale et la physiologie végétale vont se multipliant tous les jours depuis les découvertes de Claude Bernard et les révélations dues au microscope. Dans le milieu terrestre, la vie spirituelle est toujours conditionnée par la vie organique et ne s’en sépare jamais ; celle-ci, au contraire, dans toute une série d’organismes (la série animale), à mesure que les formes se simplifient, semble devenir plus indépendante de celle-là, depuis l’homme jusqu’à l’espèce la plus inférieure où l’animal ne se distingue plus du végétal. À partir de ces types ambigus diverge et s’élève, en compliquant ses formes, parallèlement à la série animale, une autre série d’organismes (la série végétale) où la vie organique apparaît complètement isolée de la vie spirituelle, faute de système nerveux. Le développement des formes