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tiqué. C’est que, en dehors du remarquable talent d’exposition dont il témoigne et des nombreuses idées intéressantes et nouvelles qu’il contient, nous lui reconnaissons un double mérite. En faisant la critique d’une philosophie du droit purement spéculative et individualiste, M. Richard a très utilement fermé à la métaphysique du droit une voie dangereuse, dont elle ne s’est pas assez complètement détournée, et qui aurait pu tenter un pur intellectualiste (et notre époque n’en compte que trop). Mais surtout M. Richard a prouvé l’insuffisance dans la philosophie sociale de l’empirisme objectif, étroitement utilitaire, fondé sur une conception fausse de l’expérience. Cet empirisme-là, dont le succès pourrait bien n’avoir été qu’éphémère, est, il faut remercier M. Richard d’en avoir fait la preuve, incapable de poser la question philosophique du droit ; et ne s’applique que bien imparfaitement au droit positif lui-même, car s’il peut constater les manifestations objectives du droit, il ne saurait en donner le sens, et reste impuissant à les faire comprendre. Il est nuisible au droit tout entier, dangereux même pour toute vie sociale.

M. Bernès.