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signaler toujours les mêmes lacunes. Rien sur la sociologie politique. Rien ou presque rien sur les formes modernes du phénomène religieux. Les problèmes relatifs à la guerre sont expédiés dans les cinq pages de la troisième section, douzième sous-section. En revanche, les parties traitées, en particulier celles qui concernent la sociologie des religions primitives et celles qui concernent la sociologie économique, sont toujours traitées avec la même conscience, la même compétence, la même rigueur dogmatique. À signaler les importantes études méthodologiques consacrées par M. Simiand aux ouvrages de M. Effertz sur « les antagonismes économiques » (le livre valait-il tant de peine ?) et de M. Mantoux sur « la révolution industrielle au xviiie siècle » ; et une note de M. H. Bourgin « sur la morphologie économique et les monographies d’industrie ». À signaler, comme particulièrement intéressantes pour le public de la Revue, deux longues études consacrées par M. Ed. Durkheim, l’une aux livres récents de MM. Fouillée, Belot et Ad. Landry, l’autre à l’ouvrage de Westermarck, intitulé The Origin and Development of the moral ideas.

The Philosophical Review, t, XIV, 1905. — N° 1. La relation de l’esthétique avec la psychologie, et la philosophie, par M. Henry Rutgers Marshall. — On retrouve dans cet article les idées bien connues de l’auteur de Pain, Pleasure and Æsthetics. Tandis que toute impression esthétique est agréable, tout plaisir n’offre pas de caractère esthétique. La « différence propre » qui caractérise le plaisir esthétique est sa « permanence relative » ; cette permanence provient de la multiplicité d’éléments agréables qui permet à l’attention de passer de l’un à l’autre sans se détacher de l’objet. L’artiste produit cette multiplicité Synthétique, mais il le fait sans s’en rendre compte, conduit par un véritable « instinct » spécial à l’art. Quant à la relation de l’esthétique avec la philosophie en général, le beau est le réel « en tant que découvert dans le monde de l’impression », tandis que le bien est le réel en tant qu’aperçu dans le monde de l’action, et le vrai le réel aperçu dans le domaine de l’expérience autre que celui de l’impression et de l’action. — L’analyse du sentiment d’après Wundt et la signification génétique du sentiment, par Mrs Margaret F. Washburn. Wundt a prétendu distinguer radicalement du côté objectif de la vie mentale le côté subjectif, séparer de la sensation le sentiment. Mais dès lors toute classification du sentiment est impossible, car le sentiment est, en lui-même, une synthèse intime qu’on ne peut spécifier qu’en le rattachant à une sensation déterminée. — Un point négligé dans la philosophie de Hume, par M. W. P. Montague. Il s’agit de savoir si le phénoménisme de Hume devait logiquement continuer l’idéalisme berkeleyen. Ne devait-il pas plutôt aboutir logiquement à une sorte de réalisme empirique ? En effet, si l’esprit n’est plus qu’un « faisceau de perceptions », il ne saurait être le support de l’existence des choses extérieures, lesquelles sont ainsi, du moment où elles sont données, des objets au même titre que l’esprit lui-même. Mais Hume n’a pu se défendre de la conception cartésienne qui considère les objets comme des « états » de la conscience, impliquant ainsi la réalité substantielle de celle-ci. — La sélection naturelle et le développement de la conscience de soi, par M. H. Wright ; intéressante tentative pour corriger, en psychologie, les conséquences mécanistiques du darwinisme. Logiquement celui-ci élimine la finalité d’un monde ou les choses se modifient sous la pression du milieu matériel. Mais la conscience n’est pas, à proprement parler, en concurrence avec le milieu, elle le pénètre, se l’assimile ; elle limite le mécanisme par la poursuite des fins qu’elle se propose, et le choix même de ces fins se précise par sélection au contact de l’expérience.

N° 2. La mission de la philosophie, par M. G. Trumbull Ladd, discours présidentiel prononcé au ive congrès de l’American Philosophical Association. Développement éloquent de l’idée aristotélicienne que la philosophie est l’œuvre collective de la vie mentale tout entière, raison, sentiment, volonté, et qu’elle doit élever à une synthèse supérieure la science, système de lois de faits, l’art, la morale et la religion, orientés vers l’idéal. — Le contenu et la valeur de la loi causale, par M. Benno Erdmann, conférence faite au congrès des savants de Saint-Louis. Interprétation de la loi de causalité suivant le sens du dynamisme. Si, en effet, on se borne avec l’empirisme à n’apercevoir dans la causalité qu’une série de successions régulières constatées, on exclut, en fait, de cette relation ce qui en constitue la caractéristique essentielle, à savoir la nécessité. Cette nécessité, on ne peut la concevoir autrement que comme une énergie qui se continue sous les formes de la succession à condition de ne point assimiler arbitrairement cette énergie à celle dont nous trouvons le modèle en nous. — Compte rendu du ive congrès de l’American Philosophical Association. — La