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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE


SUPPLÉMENT
Ce supplément ne doit pas être détaché pour la reliure.
(N° DE JUILLET 1914)



LIVRES NOUVEAUX

Henri Poincaré. L’œuvre scientifique, l’œuvre philosophique, par Vito Volterra, professeur à l’Université de Rome, correspondant de l’Institut, Jacques Hadamard, membre de l’Institut, professeur au Collège de France et à l’École Polytechnique, Paul Langevin, professeur au Collège de France, Pierre Boutroux, professeur à l’Université de Poitiers. 1 vol. in-16 de 265 p., Paris, Alcan, 1914. — Dans son numéro spécial de septembre 1913, la Revue de Métaphysique et de Morale a publié les belles études de M. Langevin et de M. Hadamard (la forme de celle-ci a reçu quelques modifications dans la publication du volume). — Nous signalerons seulement dans l’article de M. Volterra, en dehors des vues magistrales sur quelques-uns des plus importants parmi les travaux mathématiques de Poincaré, des réflexions fort intéressantes sur la physionomie et le mode de travail du savant moderne en général, et sur les deux espèces de physique mathématiques : l’une, purement théorique, qui se préoccupe d’établir les conditions analytiques permettant la solution exacte des problèmes que le physicien a déjà résolus de son point de vue, l’autre, au contraire, instrument aux mains du physicien lui-même pour la découverte de relations nouvelles entre les phénomènes. – M. Pierre Boutroux, à l’aide de formules très nettes et très fines, caractérise les principes philosophiques que Poincaré avait appliqués successivement, dans la période 1885-1895, à la géométrie, à la physique, à l’analyse ; il suit l’évolution de la pensée de Poincaré vers une conception plus riche et plus complexe de l’intuition où la puissance inventive de l’esprit se tient en contact étroit avec les faits. « Henri Poincaré… a toujours, écrit-il, présent à l’esprit le schéma de la connaissance exacte avec lequel sa pensée s’est pour ainsi dire identifiée. Une matière qui n’offre aucune espèce de prise au raisonnement du type mathématique ne peut pas être, selon lui, objet de savoir. » Mais cette matière, il s’agit pour lui de ne rien retrancher ni de son étendue ni de sa plasticité ; au lieu de la mutiler pour la faire rentrer dans des cadres a priori fussent-ils ceux de l’empirisme, il faut, en quelque sorte, en considérer tous les tenants et tous les aboutissants, du côté de la psychologie comme du côté de l’observation extérieure, programme immense, tâche indéfinie, dont seul un Poincaré pouvait s’acquitter.

La Conscience Morbide. Essai de Psycho-pathologie générale, par le Dr Charles Blondel, 1 vol. in-8 de 335 p., Paris, Alcan, 1914. — Nous sommes dès l’abord mis en présence des faits. Voici que défilent devant nous Adrienne, Berthe, Charles, Emma, Fernande, qui viennent nous conter leurs misères. Ces malades, que l’auteur présente simplement comme des exemples choisis pour illustrer sa théorie (basée sur un nombre d’observations bien plus considérable), n’appartiennent pas à tous les types morbides : il relèvent tous de la mélancolie anxieuse, de la psychose d’angoisse, des délires systématisés.

Nous nous apercevons bien que nous avons quelque difficulté à les comprendre ; mais l’auteur, dans un long, ingénieux et parfois subtil commentaire, va chercher à nous convaincre que nous les comprenons encore bien moins que nous ne nous l’imaginions. Toute la seconde partie du volume est destinée à démontrer l’inintelligibilité absolue, pour notre esprit d’homme normal, des pensées, des sentiments et des réactions de nos malades.