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science historique, « Phistorisch Wertrolles », et l’idée de causalité, Engert répond à la question en distinguant entre « la science historique généralisante » et « la science historique individualisante », en se référant à un système de philosophie antirationaliste, antipsychologiste et antimétaphysique qu’il se propose d’exposer dans d’autres ouvrages. Nous voulons exprimer à propos de ce travail le regret que les élèves de cette école s’expriment dans un langage scolastique artificiel, obscur et parfois barbare, qui ne peut que nuire à une pensée souvent subtile et forte. Ce petit livre prouve, comme beaucoup d’autres, que la pensée allemande est en proie, autant que jamais, à l’ésotérisme.

Weltbegriff und Erkenntnisbegriff, Eine erkenntnistheoretische Untersuchung, par Dr  Viktor Kraft, 1 vol. in-8 de 232 p., Leipzig, Barth, 1912. — L’auteur de ce livre, esprit sincère, vigoureux et vraiment philosophique, est parti de l’idéalisme transcendantal ; mais il a reconnu l’ambiguïté du concept de conscience qui y joue un si grand rôle (immanence de la conscience, formule de la conscience) et du concept de nature (à la fois phénomène et réalité objective), et il a reconnu que, pensé jusqu’au bout, l’idéalisme transcendantal aboutit à l’idéalisme subjectif ; et de même le positivisme ; or l’idéalisme subjectif étant impossible, il reste à chercher le fondement d’un réalisme ouvert et honnête (p. iv). Il s’agit avant tout de constituer un concept du monde ; l’idée d’un monde de corps réel et objectif implique un dualisme du physique et du psychique, la reconnaissance du physique et du psychique comme deux genres du réel ; tout réalisme doit reconnaître ce dualisme et admettre les problèmes qu’il soulève, notamment le problème de la connaissance. La conscience connaissante est en relation avec une réalité objective non consciente. La pensée est en présence d’un dilemme : ou idéalisme subjectif ou réalisme dualiste. On obtient une réalité objective quand, partant de la réalité vécue, on développe les postulats qui la rendent intelligible, rationnelle. La réalité objective est ce qui constitue et explique la réalité vécue. La connaissance d’une réalité objective est valable comme condition d’une explication des phénomènes vécus. Une des parties les mieux venues de ce livre est celle où l’idéalisme critique et le positivisme sont, avec une belle vigueur dialectique, poussés à l’idéalisme subjectif comme à leur conséquence logique. On pourra plus ou moins goûter les conclusions positives de M. Kraft. Mais on ne saurait contester ni le sérieux de sa pensée ni sa profonde connaissance des doctrines qu’il discute.

Die Unmöglichkeit der Erkenntnistheorie, par Léonard Nelson. Broch. in-8 de 35 p., Göttingen, Vandenhœk et Ruprecht, 1911. — Cette brochure reproduit la communication de l’auteur au Congrès de Bologne. Il y expose vigoureusement sa thèse de l’impossibilité de la théorie de la connaissance fondée sur l’inexistence d’un erkenntnistheoretisches Kriterium (p. 13) et montre que cette thèse n’implique aucun scepticisme (p. 21), parce que toute connaissance n’est pas nécessairement jugement (pp. 16-19).

Die Wahrheit des Glaubens durch gründliche Beweise ins Licht gestellt, par Dr  Eugen Rolfes. Bd. I. Die Naturreligion. 1 vol. in-8 de V-224 p., Brühl, Martini. — Rolfes se propose de mettre en lumière par des preuves irréfutables la vérité de la croyance. Quelle croyance ? Il n’y en a pas deux : « comme il n’y a qu’un Dieu et qu’un baptême, il n’y a qu’une véritable croyance » (p. v). Rolfes mettra donc « la philosophie au service de l’apologétique » catholique ; il ajoutera une apologie à celles de Hettinger, de Gutberlet, de Schanz, Schell, Weiss, Pesch, etc. Dans ce premier volume il prouve par les preuves traditionnelles que Dieu a créé, conserve et gouverne le monde. M. Rolfes écrit avec netteté ; il est très versé dans la philosophie grecque et scolastique (à laquelle il a consacré de bonnes études) ; il n’est pas mal informé de la philosophie moderne où il trouve peu de choses à louer : ses réfutations sont faciles, spirituelles quelquefois, toujours superficielles et peu charitables (p. 101, 108, 135). Rolfes suit partout de très près la tradition thomiste : et, bien que nous n’ayons pas qualité pour corroborer l’imprimatur accordé à son livre par le vicaire général de Cologne, nous pouvons attester n’y avoir rien trouvé de nouveau.

Wissenschaftliche Beilage, suplém. du 23e rapport annuel (1910) de la Société de Philosophie à l’Université de Vienne, Leipzig, Barth, 1911, 1 vol. in-8 de 97 p. — Ce volume contient quatre conférences. P. Frank discute au point de vue relativiste la question de savoir s’il y a un mouvement absolu et conclut que le concept en est impossible. — A. Stöhr étudie la plastique monoculaire, et résout divers problèmes par la mobilité des cellules visuelles. — W. Schmied-Kowarzik apporte une contribution à la psychologie esthétique dans une étude de l’intuition : la