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Hippocrate, dont l’œuvre est le résumé des tendances scientifiques d’une époque. Hippocrate, qui a une idée très haute de la science et de la dignité du savant (p. 117-118), conçoit ta science comme la recherche des causes, c’est-à-dire du lien qui unit entre eux les phénomènes (p. 122-123). Pour lui, chaque phénomène









a sa ou sa cause naturelle, sa loi (p. —124). Mais, pour trouver cette loi, le savant doit connaître l’organisation du tout qu’il se propose d’expliquer en détail (p. 125). A la conception hippocratique s’oppose celie de Socrate Les

études logiques et morales de Socrate et de ses disciples expliquent îa prédominance, chez eux, du point de vue téléologique (p. 128-133). Dans la science antésocratique ces divers éléments ne sont

pas eneore dissociés la science primitive (comme l’est encore la Méléorolpgie d’Aristote) est l’étude générale de tous les phénomènes (p. 131).

Par suite les mots lhpi <ï>Û3su>ç désignent sous la plume d’Aristote et des doxographes les œuvres encyclopediques ; ils nous fournissent l’équivalent grec de l’expression latine deNatura mrum. Travail précis. L’idée maîtresse parait juste. Des développements intéressants sur la science hippocratique.

Il modernismo e i rapporti fra religione e filosofia, par G. Gentile. 1 vol. in-iâ de 289 p., Bari, Laterza, 1909. Série d’études intéressantes, approfondies, d’inspiration nettement hégélienne. A propos des livres de Semeria en Italie, de Laberlhonnière, de Loisy, d’OIlé-Laprune en France, propos de l’encyclique Pascendi, l’auteur démasque l’équivoque où s’embarrasse, selon lui, tout le modernisme. Les modernistes s’inspirent d’une idée profonde, ils ont le sentiment que « l’objet de l’esprit, la vérité, c’est l’esprit même c’est ce qu’ils appellent, dans leur terminologie, l’immanence. ». Mais, d’autre part, ils protestent que « leurimmanentisme est méthode, et non doctrine, qu’à travers le sujet Hs parviennent à l’objet, qu’ils ne sont par

suite ni rationalistes ni kantiens. Mais il faut s’entendre le subjectivisme, s’il se dépasse lui-même, ne reconduit plus pourtant au transcendant d’Aristote et de la scolaslîque. il conduit bel et bien à l’absolu hègélie.n c’est-à-dire à l’absolu dont vous êtes vous-même, justement en tant que sujet, non certes toute la réalité, mais un moment essentiel Le Dieu que vous voudriez enseigner, c’est le Dieu de l’intellectualisme scolastique, c’est l’objet platonicien et vous restez, d’un côté, avec la méthode moderne de

l’immanence, qui ne peut vous donner ce Dieti-Iâ et, de l’autre, avec l’aspiration au Dieu antique de l’intellectualisme » (p. 79-S3J. L’Encyclique a donc raison d’avertir que « .. la méthode de Fimmauence, non seulement justice toutes les religions, ràiis au fond, et pour cela même, n’en justifie aucune » (p. SO). Même réfutation d’Ollé-Laprune il s’arrête au dualisme ; or, « si l’être, c’est le donné, c’est-à-dire si c’est l’autre que la pensée, l’autre pur et simple, la pensée ne pourra jamais s’approprier l’être ; et le subjectivisme et le phénoménisrne sera inévitable. Pour que le passage se produise, il faut’que la raison humaine ellemême devienne raison absolue « (p. 109). L’équivoque se retrouve au point de vue politique <̃ Le principe que vous invoquez de t’immanence divine dans l’histoire, n’aboutit. pas à l’église démocratique, mais à la démocratie pure et

simple, c’est-à-dire à la libre raison, ou encore à la philosophie moderne » (p. 90). Et au point de vue historique toute histoire présuppose certains postulats directeurs, et à l’histoire purementscientifîque et tout intellectualiste de M. Lois}" l’on ne pourra donc jamais superposer une interprétation religieuse. C’est qu’au fond, « faut prendre le catholicisme te ! qu’il est, et y changer quoi que ce soit, c’est en sortir car il est précisément un juste équilibre entre lindividualisme mystique et t’absolutisme ecclésiastique équilibre qui ne se conserve

« qu’aux dépens a fa fois de la piété, d’un côté, et de l’organisation social ?, de l’autre, de riutimitè : comme de l’extériorité, de la liberté comme de l’autorité « cp. 61). A signaierencore une bonne discussion du pragmatisme religieux de William James, où M. Gentile montre qu’on ne saurait définir la religion par des éléments uniquement émotionnels, etsans certaines idées, sans un certain contenu intellectuel – et une critique de Science et Religion, de Boutroux. En opposant esprit scientifique et esprit religieux, et en faisant appel a la raison pour résoudre le conflit, on établit une fausse dualité entre cette raison philosophique et la raison scientifique « Ou il n’y a la que cieux moments successifs d’une même réalité spirituelle, ou, si les deux raisons sont hétérogènes, la première ne pourra pas parler â la seconde, en prétendre circonscrire les prétentions et la portée » (p. iflS). Un dernier essai porte sur les formes absolues de l’esprit, "art, religion, philosophie, conçues comme correspondant à la position du sujet, à celle de t’objet, et à la conciliation du sujet et de l’objet.