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nition unique du romantisme, tant allemand que français, — à moins de s’en tenir à la notion imprécise « d’une conception esthético-religieuse du monde, à caractère historique », car cette imprécision même permet seule de faire de certaines conformités méthodologiques, de certaines analogies de doctrines, de certaines ressemblances d’attitude le principe d’un rapprochement. De ce que Comte a subi l’influence de de Bonald, de Maistre, Chateaubriand, de ce qu’il se fait comme eux — mais on sait dans quelles limites — l’apologiste du Moyen âge, et combat l’individualisme de la Renaissance et la métaphysique révolutionnaire, de ce qu’il considère que l’appréciation de l’avenir de l’humanité ne peut être fondée que sur la considération systématique de son passé, il ne s’ensuit pas que la philosophie de Comte ait tendance à rejoindre l’idéalisme romantique.

La suite de l’ouvrage est particulièrement intéressante, claire et ordonnée, pleine d’aperçus ingénieux sinon même un peu téméraires. M. Mehlis analyse avec précision l’attitude sociologique de Comte. À proprement parler l’histoire pour Comte n’est pas une science. Cependant la physique sociale est indépendante des sciences biologiques et la loi de filiation des types sociaux ne peut être établie









que par l’histoire. C’est qu’il faut insister sur des notions nouvelles, comme l’idée de la succession nécessaire des formes sociales et de leur hiérarchie, et surtout l’idée du consensus social, traduction de l’ordre à la fois naturel et moral sur lequel repose la vie des sociétés. Cette philosophie de l’histoire fournit à Comte une appréciation éthique assez voisine de celle de Schelling l’individu, voire les groupes restreints, y sont sacrifiés au groupe total, considéré dans son ensemble et soumis nécessairement à la direction d’un pouvoir spirituel. L’évolution du pouvoir spirituel, le passage de la théocratie à la sociocratie constitue le progrès de l’humanité. Là encore, la loi des trois états fournit l’occasion d’un rapprochement assez— audacieux avec le processus dialectique de Hegel. Le théocratisme n’est-il pas la position primitive, dont la métaphysique sort par voie de négation critique, et le positivisme à son tour n’est-il pas la négation de cette négation ou, mieux, la fusion des deux points de vue ? Comte ne se propose-t-il pas de concilier de Maistre avec Condorcet ?

Ces indications seraient plus fondées, si elles reposaient sur la démonstration d’influences directes ou indirectes. Cette


preuve reste difficile, sinon impossible à faire. puisque Comte lui-même déclar-e, dans une lettre à Mili ; qu’il n’a pas conscience de rien devoir à la pensée allemande. The letters of John Stuart Mill, edited, with an introduction, by Hoon S. R. Elliot, with tt note on Mill’s private lire, by Mary Taylor. 2 vol. in-8 de xlvi-312 et 408 pp., London, Longmans, Green and Co, 1910. – Une courte, préface nous explique comment s’y est pris l’éditeur pour le choix des lettres dont nous lui devons la publication. Toutes les lettres (sauf celles qui constituent les trois premiers chapitres) sont imprimées d’après les brouillons conservés par Stuart Mill. En tête de beaucoup, Stuart Mill avait écrit « À publier’•> ; et celles-là sont publiées toutes ; M. Hugh Elliot en a ajouté un grand nombre d’autres ». D’où les défauts du livre 1° Toutes ces lettres sont des lettres pour lesquelles des brouillons ont été écrits, les opinions d’un grand homme qui médite avant de leur donner une forme décisive et de les adresser à ses correspondants. 1.1 ne faut pas compter sur le charme, l’inattendu d’une correspondance intime. Nous serat-il donné jamais de lire ces lettres vraiment privée ?, ces lettres à sa famille, dont Miss Mary Taylor nous dit(I, p.xLvi) qu’elles sont << pénibles, quoique étrangement intéressantes, à lire », cruelles et insultantes », « un" prodige de cruauté ». Voilà donc un Stuart Mill en chair et en os dont on nous laisse deviner l’existence, mais qu’ou ne nous permet toujours pas de connaître et c’est toujours le publiciste, l’auteur en présence de qui on nous laisse. 2" 11 semble que Stuart Mill n’ait commencé à écrire des brouillons de ses lettres, ou à conserver ces brouillons une fois écrits, qu’à partir de 1841 environ, c’est-à-dire du moment où l’ « Economie Politique était sur le point de paraître, où la pensée de Stuart Mill avait depuis longtemps accompli tous les progrès dont elle était capable. Pour remplir les trois premiers chapitres, M. Hugh Elliot a découvert trois séries de lettres adressées" à John Sterling, à Thomas Carlyle, à Bulwen Lytton. Ce sont les plus intéressantes du recueil, mais elles occupent seulement. 128 pages contre S39 qui sont remplies par les lettres écrites postérieurement à 1841 pas une lettre pour la période antérieure à 1829. Les 355 pages du second volume sont occupées par des lettres écrites pendant les dix dernières années de la vie de Stuart Mill,’de 1864 à 1813. Si donc vous êtes avides de renseignements sur— les