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même, philosophe dogmatique, a le plus profondément réfléchi et qui lui sont par suite particulièrement chers : 1° sur les rapports de la qualité et de la quantité ; 2° sur le temps et la succession ; 3° sur le caractère original de la troisième dimension de l’espace, et cette conséquence au premier abord paradoxal : que l’espace est au fond aussi irréversible que le temps.

Sur ce dernier point, M. Hamelin répond que par la réversibilité des relations spatiales, opposées aux relations temporelles, il entend simplement ce fait, que, par une conversion de notre personne, ce qui était notre droite, il y a un instant, devient notre gauche, et inversement, tandis que nulle conversion de notre personne ni de notre esprit ne peut faire que le passé devienne pour nous le futur, ni le futur, le passé.

M. Hamelin est déclaré docteur avec la mention très honorable.


M. A. Rey, professeur agrégé de philosophie, a soutenu en Sorbonne les deux thèses suivantes le 7 juin 1907.

Thèse complémentaire : L’énergétisme et le mécanisme au point de vue des conditions de la connaissance.

M. Boutroux, après avoir félicité M. Rey et pour le choix de ses thèses et pour les études scientifiques par lesquelles il s’y est préparé, le prie d’exposer brièvement le sujet de sa petite thèse.

M. Rey. Depuis 1850 environ, il s’est établi dans la physique deux manières de traiter les problèmes physiques, non au point de vue expérimental, mais au point de vue théorique. J’ai donné à ces deux tendances le nom d’école énergétique et d’école mécaniste. On peut dire que depuis la Renaissance il n’y avait qu’un courant mécaniste : sans doute, si l’on étudiait le courant mécaniste dans le détail des théories, il faudrait y distinguer des courants secondaires : atomistes ou partisans de la continuité, partisans du plein ou partisans du vide, etc. ; cependant toutes ces théories présentent des caractères communs qui permettent de les nommer également mécanistes. Or, depuis 1850, des physiciens prétendent se séparer du mécanisme, pour aborder tout autrement les problèmes de la physique théorique. À ce moment, des découvertes nouvelles précisent la notion déjà vieille d’énergie, et certains croient y trouver une base suffisante pour la physique, indépendamment de la mécanique. Les énergétistes veulent donc faire une scission avec la théorie traditionnelle, pour partir de cette base nouvelle. Je me suis demandé, pour ma part, non pas s’il était possible de résoudre le débat entre mécanistes et énergétistes : c’est l’affaire des physiciens ; mais si l’on ne pouvait présenter des vues ou des hypothèses qui fussent de nature à faire pencher la balance en faveur de l’une ou l’autre des théories. L’une des théories paraît-elle, au point de vue de la connaissance, préférable à l’autre ? Ceci était un débat d’ordre philosophique, et non scientifique. Faire voir laquelle des deux théories est la plus commode, voilà le but de ma thèse.

Comment l’atteindre ? Voici la méthode. À quoi correspond le besoin d’une systématisation ? À des besoins scientifiques sans doute, mais aussi à des nécessités







psychologiques, parce que la physique est une exposition. C’est un fait que les physiciens cherchent le meilleur moyen de communiquer les résultats de leurs travaux (cf. Mach). D’où le problème de la communicabilité des résultats. Quelle théorie se prête le mieux à présenter les résultats expérimentaux de la physique, s’adapte le mieux aux conditions ordinaires de notre connaissance’? Mais ces conditions de notre connaissance, il était assez difficile de les déterminer. J’ai écarté le point de vue métaphysique de la théorie de la connaissance, pour considérer les conditions psychologiques et logiques de la connaissance. Et je me suis servi de l’histoire des sciences pour chercher s’il n’y avait pas déjà eu des conceptions analogues aux conceptions énergétistes et voir quel sort avaient eu ces tentatives. Voici les résultats que j’ai cru apercevoir. i" L’énergétisme renferme un élément scolastique, et, à ce point de vue, l’histoire des sciences me semble déjà avoir condamné une semblable théorie. 2° L’énergétisme, au point de vue de la philosophie pratique de la connaissance, me semble être moins satisfaisant que le mécanisme et. en régression sur lui. M. Boutroux. Votre thèse comprend deux parties. D’une part, vous cherchez quelles sont les conditions de’l’intelligibilité. D’autre part, vous vous demandez quelle thèse – du mécanisme ou de l’énergétisme répond le mieux à ces conditions. Je m’attache au premier point, au problème de l’intelligibilité. Je distingue dans cette partie trois points principaux 1" la réduction de l’inconnu au connu, c’est-à-dire à l’antérieurement acquis. L’ordre historique détermine l’intelligibilité en tant que le premier connu est le point de départ. 2" Le premier connu est le concret particulier, le fait. 3° La manière dont se fait la réduction de l’inconnu au connu est une