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faire appel au jugement des hommes compétents (les gens de bien).

L’affranchissement politique et social des femmes, nous montre M. Melian Stawell, est la conséquence logique du véritable idéal démocratique, de celui qui fait de la démocratie non un moyen en vue d’avantages quelconques, mais une fin : le développement intégral de la personnalité humaine. Nous sommes en droit d’espérer que le charme féminin, l’élégance et l’affection n’y perdront rien, mais revêtiront des formes nouvelles. Il faut louer des romanciers comme G. Meredith de nous préciser l’image de la femme de l’avenir ; car « nul n’aurait le cœur ou l’audace de tenter l’expérience sans une vision raisonnable du prix à gagner ».

M. Edward Sisson constate que l’État absorbe de plus en plus les fonctions de l’Église. Mais au lieu d’y voir une laïcisation de celles-ci, il conclut que l’État se spiritualise de plus en plus, devient une institution non seulement de force, mais d’amour ; et il entrevoit dans l’état universel le Royaume de Dieu sur la terre.

Enfin deux fort intéressants articles de pédagogie vécue : La formation d’une véritable opinion publique, écoutée et digne de l’être, au moyen de groupements et de meetings variés, où l’autorité des aînés et des plus sages se fait entendre, l’organisation d’un véritable' « self government » d’étudiants à l’Université de Californie, tel est l’objet d’une étude de M. Farnham P. Griffiths.

C’est la même solution au problème de l’éducation que signale et recommande, pour les Collèges de Jeunes Filles, Miss Amy E. Tanner. Rendant compte d’une enquête faite en vue de déterminer l’idéal moral de jeunes filles de quatorze à quinze ans, l’auteur en conclut la constatation de leurs tendances pratiques, la nécessité d’élever leur idéal moral, de fortifier les tendances altruistes généralement assez développées, de développer le sentiment de la justice qui manque assez souvent. Comme moyens, le self-government, la responsabilité organisée, le contrôle mutuel, l’institution de meetings, tribunaux d’élèves et corps élus. Miss A. Tanner signale les importants résultats déjà obtenus par cette méthode. Une institution curieuse et nouvelle est celle des social clubs, organisés pour la culture des sentiments altruistes au Collège.

À signaler les compte rendus de la traduction anglaise de la Philosophie de la Religion de M. Höffding et de Some Dogmas of Religion du Dr Mactaggart.

Rivista di Scienza. Première année (1907), n° 1 (Les articles sont publiés dans la langue des auteurs). — Les fondateurs de cette Revue, définissant le but qu’ils veulent poursuivre, caractérisent ce nouveau périodique comme devant être un organe de synthèse scientifique, c’est-à-dire comme un organe qui groupera les résultats généraux, des sciences spéciales. Cet effort se justifie par la considération que la dépendance des sciences spéciales les unes vis-à-vis des autres est un fait, et que l’unification du savoir est un besoin intellectuel incontestable. S’adressant donc aux savants de nationalités diverses qui se sont distingués dans des branches particulières de la Science, les fondateurs de la Rivista di Scienza leur demandent de résumer leurs travaux, et de les exposer sans l’appareil technique que l’on rencontre dans les revues spéciales. Mais ce travail de synthèse devra se faire sans arrière-pensées subjectives politiques ou métaphysiques. Dans le premier article de ce n°, M. E. Picard expose ses idées sur les principes de la mécanique classique. L’éminent mathématicien reprend la thèse exposée par lui dans la préface de la Mécanique de Mach, et au chapitre III de la Science moderne et son état actuel. Mais les idées exprimées par M. Picard sont si importantes, qu’on ne saurait trop attirer sur elles l’attention du public philosophique. La conception fondamentale de M. Picard n’est pas pour étonner les lecteurs de la Revue de Métaphysique qui ont suivi les travaux de M. Poincaré sur ces questions. Les principes de la mécanique ne constituent en aucune façon une sorte de bloc intangible, ils n’ont pas ce caractère absolu que les personnes étrangères aux méthodes scientifiques leur attribuent. L’histoire de la mécanique est à ce sujet éminemment instructive, elle nous apprend que la science est essentiellement mobile et n’est formée que d’approximations successives.

M. Picard fait un tableau bref et saisissant des principales transformations qu’a subies la mécanique. Galilée crée la dynamique dans un champ constant pour un point matériel. Avec Huyghens on passe aux forces variables. On considère Newton comme ayant constitué définitivement la dynamique : il sent le premier qu’il y a dans chaque point matériel une constance caractéristique du mouvement différente de son poids, la masse.

L’équation, fondamentale de la dynamique F ═ mg suggère, à M. Picard des remarques importantes. Il semble que cette égalité définit simplement la force, et on peut se demander quelle est son