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13 musculaire, d’éducation sensorielle, d’éducation intellectuelle, sont décrits de manière succincte, mais avec une précision et lin art de mettre en évidence l’esprit de la méthode, qui en rendent l’exposé fort instructif. Peut-être n’y apercevra-t-on rien qui apporte une révélation nouvelle à ceux qui sont an courant des procédés recommandés, sinon toujours employés, dans nos écoles maternelles et dans nos sections d’arriérés; il semble cependant que l’usage des lettres découpées dans du papier à l’émeri, pour la formation des habitudes motrices de l’écriture, soit une innovation fort heureuse. Mais la véritable originalité de la méthode, c’est qu’elle ne consiste pas en une juxtaposition de procédés divers M"" Montessori. attentive au moindre détail, a constamment présent l’enchainement des divers exercices et le but tinal auquel achemine chaque procédé et chaque détail de chaque procédé; tous les détails sont combinés en vue de ce but. Le résultat de la préparation méthodique des mouvements et des sens se manifeste globalement, au dernier stade de l’éducation de la Casa, par l’aisance et la perfection incroyable des acquisitions intellectuelles, et tout particulièrement par l’apparition spontanée et soudaine, qui semble presque miraculeuse dans la description de M"e Montessori, du langage graphique. Le développement mental remarquable, harmonieux, aisément acquis, que M110 Montessori nous dit être celui des enfants sortant de la Casa, résultat où elle n’hésite pas à voir la promesse d’une mutation heureuse de l’humanité, est certainement chose remarquable. Une telle expérience semble résoudre la question de l’opportunité de l’éducation intellectuelle précoce, et poser celle d’une profonde réforme de l’éducation primaire dans le sens des procédés employés en faveur des anormaux et des tout petits. II convient de prendre garde cependant qu’une description de résultats de ce genre, si sincère soit-elle, ne remplace pas une observation directe. Seule une comparaison immédiate pourrait établir le rapport exact entre le niveau mental des bambini de la Casa et celui des enfants de telles de nos maternelles de France auxquelles est échue une directrice instruite et aimant profondément ses petits. REVUES ET PÉRIODIQUES L’Année Pédagogique, par P. CELLÉrier et L. Dl’gas. Première année, 1911,

vol. in-8, vin-487 p., Paris. Alcan, 1912. 

Cette nouvivle Année vient à son heure. L’éducation est aujourd’hui l’objet d’un ensemble cohérent de travaux, dont l’abondance s’est singulièrement accrue au cours de ces dernières années, et qui, dispersés en une foule d’opuscules et de revues, avaient besoin d’un répertoire périodique. MM. Cellérier et Dugas le leur ont donné. Comme l’ancienne Année Sociologique, {’Année Pédagogique comprend deux parties l’une d’articles originaux, l’autre, beaucoup plus importante, d’analyses bibliographiques. Dans la première partie, les auteurs se proposent de faire œuvre de synthèse en présentant « des vues (l’ensemble sur la théorie et l’histoire de l’éducation et sur tous les problèmes qui s’y rattachent »; dessein fort louable, mais dont la réalisation est ardue, même avec les collaborations les plus distinguées. En frontispice un bel article de M. E. Boutroux dénonce le mirage de l’éducation antilivresque », de l’éducation par la chose et par l’acte, séduisante en théorie, mais peu praticable à l’école, qui n’est pas la vie, mais la préparation à la vie et l’enseignement de la vie. Contre la méthode exclusivement pragmatiste, M. Boutroux soutient la valeur pratique non moins que la dignité de la règle, qui est un raccourci et non un détour » et du livre, qui est le meilleur de la science acquise, l’instrument de compréhension, qui est l’affranchissement. Les objections contre l’instruction livresque ne valent que contre l’abus de la théorie, contre le concept coupé de l’intuition. Dans un premier article M. Cellérier développe des vues extrêmement générales sur ce thème « Idéal et éducation ». En second lieu il présente une Étude psychologique des méthodes d’enseignement », où il passe en revue les éléments psychologiques des méthodes d’enseignement en général, et les caractères généraux des diverses méthodes générales. IJ est permis de se demander s’il y a bénéfice pour les travaux spéciaux et la pratique à se référer à de tels principes premiers de méthode, ou si le vrai rôle et le seul de la psychologie ne serait pas d’accompagner constamment, de soutenir et d’utiliser chaque expérience de la pratique éducative. M. Degas traite de « La sympathie dans l’éducation en s’inspirant constamment de la justement célèbre Éducation progressive de Mmo Necker de Saussure. Il semble qu’il eût gagné à ajouter un peu plus de précision psychologique au vocabulaire de cet excellent guide. La