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il vidus et des espèces à l’accomplissement de l’univers, ainsi que la suprême fin métaphysique du monde, c’est-à-dire, par delà les fins immanentes, la tin transcendante qui est Dieu. L’aristotélisme de saint Thomas se colore ici d’augustinisme. 11 y a donc place, en dernière analyse, pour une théodicéequi détermine les fins poursuivies par Dieu dans le monde et le plan de la création. Ainsi, l’idée de fin circule à travers toute cette philosophie dont elle assure l’unité. La critique a pu s’exercer victorieusement sur tel ou tel de ses points particuliers, mais. dans l’ensemble, la doctrine de saint Thomas conserve une haute valeur pour la solution du problème de l’univers et de la vie. Truth and Reality, an introduction, to the theory of knowledçje, par John ELOF Boodi.n, 1 vol. in-8 de 334 p., New-York, Macmillan, 1911. Le premier chapitre du livre de M. Boodin, écrit avec beaucoup d’agrément, et dont la pensée est intéressante, est l’exposé d’un relativisme sceptique pour lequel les systèmes sont les expressions du tempérament de leurs auteurs et de leurs adeptes, et même des dispositions les plus fugitives de lame que chacun, au moment où il sent en lui le désir de la création, exprime son àme, son àme du moment, non pas seulement une l’ois, mais aussi souvent qu’il sentira en lui ce désir. –La suite n’a pas les mêmes qualités. Le développement est souvent confus, la langue manque de précision et de clarté. Citons quelques phrases p. 81, « l’attitude-pensée signifie avant tout le fait qu’un courant de processus est activement t dominé par un dessein conatif conscient et organisé •̃ p. -JOti; •> la satisfaction apportée par la vérité est un coefficient de l’aboutissement d’une idée dans une certaine realité qu’elle désire ou qu’elle fut. qu’elle espère ou qu’elle craint ». On retrouve dans le livre les théories fonctionnelles de Dewey, les idées de Kant sur le caractère conatif de la pensée, les thèses de James sur l’instinct et sur la façon dont l’idée s’insère en des points déterminés de la réalité. Relevons quelques aperçus intéressants. Suivant fauteur, quelque différents que des processus puissent être, ils sont capables d’agir les uns sur les autres; la causalité n’exige pas l’identité de substance; des processus électriques peuvent agir sur des processus mécaniques ou sur des processus psychiques (p. 302). Il pense encore que le progrès, de l’instinct jusqu’à l’intelligence se t’ait par sauts, par mutations, d’une façon abrupte, précisément parce que le progrès est conditionné par le substrat organique (p. 17); « II y a des sauts qualitatifs qui ne sont pas réductibles à la catégorie quantitative des degrés », dit M. Boodin (p. 238) et encore p. 30 « On a dit que les catégories de Kant étaient tirées à brûlepourpoint comme d’un pistolet; ceci est vrai de la réflexion en général aussi bien que. de ses catégories; la réflexion ne se forme pas d’associations d’idées de plus en plus complexes; elle est une attitude radicalement neuve. » La Logique Déductive dans sa dernière phase de développement, par ALESsandro PADOA, préface de G. Peano, 1 vol. in-8, Paris, Gauthier-Villars, 1912. M. A. Padoa a rassemblé sous ce titre les conférences, faites par lui à Genève et publiées ici même; il n’en a retranché que la dernière partie, relative à la méthodologie pure et appliquée, c’est-àdire, à la théorie de l’arithmétique, qu’il désire compléter et publier à part. Nous ne reviendrons donc pas sur le détail de ces leçons qui sont déjà connues des lecteurs de cette Hevue; nous nous bornerons à en souligner les traits essentiels de la méthode qui y est suivie. Celle-ci s’inspire de l’idée maîtresse du Formulaire mathémalique, dirigé par Peano réduire les différentes parties de la mathématique à leur plus simple expression, au moyen d’une idéographie, qui résume la marche du raisonnement. La théorie de la déduction peut être faite en explicitant l’usage de certains symboles, dont l’emploi a été fixé sous l’effort des logiciens algébristes tels que Boole, Peirce, Schrôder, etc. Ce sont s Cls =3 =]n£ Encore convient-il d’ajouter que ces symboles se réduisent finalement aux trois suivants: = r^ 3 Le raisonnement mathématique peut s’exposer en fonction de cette idéographie et s’y laisse merveilleusement résumer. Nous ne saurions assez insister sur le mérite des auteurs du Formulaire et sur les services que leur ingénieuse tentative peut rendre aux mathématiciens, débordés par la surproduction. Du point de vue de la Logique, nous ferons quelques réserves sur la méthode employée. Les auteurs du formulaire, et après eux M. Padoa, tentent de fixer directement dans leur idéographie la théorie du raisonnement déductif et ils croient pouvoir y arriver par le calcul des •< classes » ou des « condi-