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chaque créature particulière, --doivent être envisagés. Le présent travail pour objet de déterminer la signification de ce concept dans la philosophie de Thomas d’Aquin. La méthode employée sera la, méthode historique, les observations,.4e portée dogmatique n’étant introduites [Lie dans la mesure où elles facilitent l’intelligence des problèmes. On.se bor-, nera enfin à la philosophie de saint. Thomas, le concept de fin dans la théplogie thomiste devant former l’objetd’un autre travail.

La fin peut être considérée d’abord, en^. elle-même et comme cause (1" partie). Elle exerce une action réelle sur -la. volonté parce que première dans l’intention de l’agent. Sur le mode de cette action causale Thomas ne se prononce pas Causalitas finis in hoc consista quod. propler ipsum ulia desiderantyï. Si l’on veut aller plus loin, comme Suarez ou Jean de Saint-Thomas, qui prétendent l’un et l’autre exprimer la pensée vraie du philosophe, on aboutit à des distinctions conceptuelles sans portée psychologique profonde. L’objet de l’activité finaliste. est le bien réel ou apparent; dans le moyen c’est encore la fin qu’elle: désire.^ Ainsi la fin et une vraie cause, et même la principale de toutes, puisque, sans elle, aucune autre n’entrerait en action.. Il convient ensuite de déterminer .-la. place occupée par le concept de fin dans la philosophie thomiste, et d’abord dans la physique et la psychologie (2«. partie, l" section). On peut légitimer: ’par une double voie les conceptions finalistes de la nature, soit en partant de. l’activité volontaire (le l’homme et en..concluant au reste de l’univers par analogie, soit en abordant directement la nature, comme si cette nature était en elle-même;, telle que nous la pensons. Ce. point de vue que l’on peut appeler dogmatique, au sens kantien, est aussi celui de sainte Thomas. Sa démonstration du rftle de la. linalité dans l’univers n’est pas critique, mais simplement métaphysique aucunecause n’agit que lorsqu’elle est dirigée par une fin et, par conséquent, subordonnée a un but particulier. Au reste, que cette activité transcendante de la.fin.. détermine une causalité réelle, cela ng_ saurait constituer pour Thomas, un problême, c’est un postulat qui va.de soi. Chez les êtres inconscients composés de matière et de forme, c’est la forme mème._qui est le terme du devenir, et comme, la forme n’est pas ici transcendante, à. l,a_ manière des idées platonicienrïes^.jnjûs. immanente, c’est à une téléolqgie imnla-;nente que l’on aboutit. Chaque être est.iL soi-même sa. propre fin, et le terme de l’appétit naturel est là conservation de l’individu..

Lorsqu’on passe aux animaux, êtres conscients, quoique non raisonnables, les mêmes fins se retrouvent, mais confusément et comme instinctivement appréhendées par la yirtus œstimaliv’a. La poursuite de la conservation de .l’individu et de l’espèce s’accompagne chez eux de plaisir et il en, est de même chez l’homme. Mais l’homme, douéde raison, appréhende la fin en tant que telle et lui subordonne les moyens. Toute action libre suppose la connaissance de son but, qui est le bien en général, ou ce qu’il y a de général dans un bien particulier; et, gràce à sa liberté, l’homme tend vers ses fins autrement que les créatures non raisonnables- il possède le pouvoir dé se ’déterminer à soi-même ses propres fins. Que d’ailleurs il y ait détermination de la volonté par la fin, c’est ce qui n’entraine aucun véritable déterminisme dans la pensée, de saint Thomas, La fin détermine à titre d’objet vers lequel tendra d’elle-même la volonté, non à titre de cause efficiente qui inclinerait la volonté dans un sens ou dans l’autre. Et parce que-l’objet de la volonté raisonnable, est le général, un choix libre reste possible entre l’accomplissement ou le. non-accomplissemen,t de tels ou_tels actes particuliers. Cette solution da problème de la liberté est caractéristique de la pensée thomiste qui part plus volontiers de la considération des objets que ,do celle des sujets. Le. concept de fin n’occupe pas une place moins importante dans la morale et la. sociologie thomistes (2° section). Non seulement, en effet, l’homme poursuit.des fins,; mais il porte sur elles des jugements devaleur. Sa vie morale est enclose dans un système de buts dont la poursuite est la grande tâche de sa vie. Soucieuse, ici encore, de conserver le point de vue de l’objet, la morale thomiste se manifeste comme étant à la fois une.morale de l’in"teulion et une-science des biens. La fin suprême naturelle est la béatitude; on y parvient en suivant la loi naturelle qui est d’agir selon la raison. Sous la fin suprême s’ordonnent toutes les fins particulières de la morale individuelle et

sociale’, et cette fin suprême naturelle elle-même se subordonne à la fin surnaturelle qui la parfait et l’achève la vision béatifigue.. Ainsi la grâce ne détruit pas la nature, mais lui confère au contraire son ultime perfection.

Du point de vue métaphysique (3e sectionH’idée de fin nous permet de. com/«prendre l’harmonieux concours des indi-