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exister. Or, ce résultat négatif, c’est la pensée qui nous le donne, nous fournissant ainsi le point fixe, qui servira d’appui à toute vérité. La connaissance est possible et elle s’achève en une science rationnelle, parce que l’Etre est identique à la Pensée (p. 40). Cela signifie que l’Être est un système de concepts ordonnés selon les lois internes de l’entendement (p. 43). Voilà dans sa pureté la doctrine de Parménide. C’en est la première et la plus belle version. Pourquoi faut-il que plus tard Parménide ait matérialisé cet être idéal, et substitué au moins en apparence un réalisme grossier au criticisme le plus net ?

À quoi bon répéter encore que de telles constructions sont superflues et n’ajoutent rien à notre connaissance ? Il est plus difficile de distinguer les doctrines avec précision que de retrouver ainsi en toutes les vestiges du kantisme, identifié par l’autorité de M. Cohen avec la philosophie éternelle. La moindre explication précise d’un texte rend plus de services que ces dissertations copieuses, d’où toute vérité objective est exclue.

Hegels Entwürfe zur Enzyklopädie und Propädeutik, publiés par le Dr  J. Löwenberg (Hegel-Archiv, publié par Georg Lasson, vol. I, fasc. 1), 1 broch. in-8 de 58 p., Leipzig, Félix Meiner, 1912. — La renaissance de l’hégélianisme est un des phénomènes les plus apparents du mouvement philosophique contemporain, par ailleurs si dispersé et incohérent. Ce « retour à Hegel » a donné lieu comme naguère le retour à Kant, à un nombre considérable et tous les jours croissant de publications. Quelques-unes de ces dernières ont apporté des documents de première importance pour la biographie et l’histoire intellectuelle du philosophe. Mais il était à craindre que l’abondance, la diversité de ces études et leur dissémination dans une foule de revues ne rendissent difficile dans l’avenir la tâche de l’historien de la philosophie. Aussi M. Georg Lasson, un des hommes qui connaissent et comprennent le mieux Hegel, l’éditeur de l’Encyclopédie et de la Philosophie du Droit, a-t-il pris l’initiative de centraliser les études de ce genre dans un Hegel Archiv, qui réunira et publiera les travaux inédits, les projets, recensions, lettres, notes de Hegel, les lettres à lui envoyées, les rapports de ces contemporains sur sa personnalité et sa doctrine, une bibliographie de l’hégélianisme, etc., et qui fera enfin apparaître des essais sur la philosophie hégélienne et l’idéalisme allemand. Ce premier fascicule du Hegel-Archiv renferme les projets relatifs à l’Encyclopédie et à la Philosophische Propädeutik, notes trouvées dans les papiers de Hegel et qui, après de multiples tribulations, sont enfin en lieu sûr dans la bibliothèque de la Harvard University. Sans avoir l’importance des travaux théologiques de jeunesse publiés il y a quelques années par M. Nohl — et il faut, semble-t-il, renoncer à toute autre révélation de cet ordre en ce qui concerne Hegel — les notes éditées par M. Löwenberg sont des plus intéressantes a étudier dans le détail, et elles éclairent parfois certaines définitions ou certaines preuves de l’Encyclopédie : leur apport vaut surtout d’être signalé pour la logique formelle. Il suffit d’examiner le fac-similé d’une page de ces papiers, reproduite par l’éditeur à la fin de son petit volume, pour rendre hommage à sa patience et à son dévouement. — M. Löwenberg a fait précéder les notes de Hegel d’une courte introduction (p. vii-xxii) sur les travaux de jeunesse de Hegel : il y signale, à la suite de Dilthey et de Nohl, l’intérêt capital des écrits théologiques sur le christianisme, la vie de Jésus, etc. ; mais il conteste l’interprétation qui a le tort de tirer Hegel d’une manière excessive dans le sens du mysticisme ; et il en substitue une autre, qu’il expose d’ailleurs beaucoup trop brièvement, qui mériterait une critique approfondie, mais qui a le mérite incontestable d’introduire une grande continuité dans le développement intellectuel de Hegel.

Henri Bergsons Philosophie der Persönlichkeit, par Paul Schrecker (Schriften des Vereins für freie psychoanalytische Forschung, n° 3), 1 broch. in-8 de 61 p., Munich, Ernest Reinhardt, 1912. — Après avoir défini les aspects du problème de la personnalité, M. Schrecker indique qu’il se propose de faire la synthèse de doctrines récentes qui, si différentes qu’elles soient de tendances et d’origine, paraissent pouvoir fournir par leur rapprochement une solution du problème : « Henri Bergson a donné au problème de la personnalité une solution qui élimine la plupart des difficultés et des contradictions où s’est embarrassée jusqu’ici la théorie, et qui ramène d’une façon vraiment grandiose au point de départ de toute philosophie ; et l’École psycho-analytique viennoise a rendu possible par sa méthode l’intelligence des formes normales et pathologiques de la personnalité dans leur genèse et leur structure téléologique ». M. Schrecker réunit diligemment les textes bergsoniens qui touchent à la question de la personnalité, rappelle la critique de l’intellectualisme (p. 9), de