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vivante. Toutes les fois que la Revue de Philosophie a publié des articles dignes d’être cités, nous avons été heureux de le faire, et, cette année encore, nous avons plaisir à signaler les très consciencieuses Revues critiques d’histoire de la philosophie antique de M. A. Diès (I, 389-410 et 688-721), une remarquable étude de M. Duhem, le Temps selon les philosophes hellènes (II, 5-24 et 128-145) ; les articles de M. Gemelli, sur la Notion d’espèce et les théories évolutionnistes (I, 47-68, 141-153 et 252-267). La Revue de Philosophie nous permettra-t-elle de regretter qu’à côté de ces excellents travaux, l’on rencontre encore parfois chez elle des articles — ne citons point de noms — insignifiants, aussi inutiles aux disciples qu’aux maîtres ?

La Revue Pratique d’Apologétique (1910-1911, 2 vol. in-8) publie de temps à autre quelque bonne et solide étude. Citons : M. Lépin, la Valeur historique des trois premiers Évangiles (I, 161-185 et 241-264) ; J. Pressoir « Orpheus et l’Assyriologie » (I, 277-284), bonne mise au point, sur une question importante, du hâtif « Orpheus » de M. S. Reinach ; A. Loth, La valeur historique de l’Évangile selon saint Marc (II, 99-109 et 417-435), etc… Il est profondément regrettable que chacun des numéros de cette revue soit gâté par une chronique intitulée : Apologétique au jour le jour dont le ton, à la fois hargneux et mesquin, est tout à fait déplaisant. C’est du journalisme, et du pire. Ne peut-on pas faire de l’apologétique, même « au jour le jour » sans mauvaise humeur ni malveillance ?

Les revues de philosophie scolastique continuent à faire d’excellente besogne historique. Déjà, l’ensemble des travaux qu’elles ont publiés constituent, de précieux matériaux pour une vaste histoire de la philosophie du Moyen age qu’il faut souhaiter que quelques-uns de leurs collaborateurs entreprennent un jour. Nous regrettons de ne pouvoir citer que quelques unes de ces diligentes études.

Dans la Revue Thomiste (1911 in-8), Histoire des preuves de l’existence de Dieu au Moyen âge, jusqu’à la fin de l’apogée de la Scolastique (pp. 1-24 et 141-158), par le R. P. Henry ; le Mouvement thomiste au XVIIIe siècle (pp. 421-444 et 628-650) par le R. P. Coulon ; la Théorie du Pouvoir dans saint Thomas (pp. 591-616) par le R. P. Pègues.

Dans la Revue Néo-Scolastique (1911, in-8) Notion de la scolastique médiévale (pp. 177-196) par M. de Wulf, et un intéressant article de M. Joseph Lottin : Le libre arbitre et les lois sociologiques d’après Quételet (pp. 479-515).

Dans la Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques (1911, in-8), J.-B. Frey, l’Angélologie juive au temps de Jésus-Christ (pp. 75-110) P. Doncœur, la Religion et les Maîtres de l’Averroïsme (pp. 267-298 et 486-506) ; R.-M. Martin, la Question du Péché Originel dans saint Anselme (pp. 735-748). Disons, une fois de plus, quelle est la sûreté et l’ampleur d’information de ces trois revues.

Archiv für Geschichte der Philosophie (année 1911). — Pour plus de clarté, on a cru devoir grouper les articles de cette revue par matières et selon l’ordre chronologique des auteurs étudiés.

I. Philosophie ancienne. — On remarquera la proportion considérable des travaux de philosophie ancienne qui ont été publiés cette année dans l’Archiv.

Bruno Jordan. Beiträge zu einer Geschichte der Philosophischen Terminologie (p. 449-481).

Cet article se compose de deux études différentes, l’une sur le sens du mot ἀρχή chez les antésocratiques, la seconde sur le vocabulaire d’Anaximandre. Le terme ἀρχή dont Aristote attribue la paternité philosophique à Thalès, tandis que Théophraste l’attribue à Anaximandre (p. 450), a, dans le langage d’Aristote, le même sens que le mot : αἰτία. Mais ce n’est pas sans doute sa valeur, primitive (p. 455), Chez Homère, ἀρχή signifie commencement, première étape dans le développement d’une chose, première forme d’une réalité (p. 456). Même sens chez Xénophane, Héraclite oppose ἀρχή à πέρας. Pareillement Mélissos. Ainsi l’ἀρχή apparaît comme un terme, une limite, notamment chez les Pythagoriciens, pour lesquels l’unité est par excellence ἀρχή (p. 459). De même, pour Empédocle et Anaxagore, l’ἀρχή est le premier terme d’une série. De là suit que l’ἀρχή n’est pas le principe d’où les choses sortirent, mais leur première forme (p. 466). C’est Aristote qui a modifié le sens du mot.

Dans le seul fragment d’Anaximandre qui nous soit parvenu, M. Jordan signale les mots Φθορά (inconnu d’Homère), τἀ ὄντα (les êtres), χρέων (nécessité, du mot homérique : χρέω). Rien de nouveau dans cette deuxième partie.

Wilhelm Frankl : Ueber Anaximandros Hauptphilosophem (p. 195-196).

Interprétation délayée du début du fragment d’Anaximandre, qui s’analyse en dix propositions.

Emanuel Loew : Die Zweiteilung in der Terminologie Heraklits (p. 1-21) ; Parmenides und Heraklit im Wechselhampfe (343-369).