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tous nos jugements une affirmation de l’Être. Originellement, et par une longue tradition, cette idée de l’Être se rattache au dogme de la Trinité. Dieu, dans l’éternelle contemplation de son essence, forme le concept de l’Être absolu, infini, éternel et nécessaire ; cette pensée de lui-même est subsistante, c’est le Fils, qui exprime son père essentiellement. En ce fils le père distingue une forme et une matière,

Cette Idée de l’Être, c’est Dieu qui nous la communique, ou plutôt Dieu en nous communiquant cette forme de notre entendement constitue notre intelligence. Cette idée est une forme vide de tout contenu réel, mais elle fonde la connaissance a priori en ce sens qu’il suffit de l’analyser pour en voir sortir les notions pures et les principes absolus.

À cette forme de l’entendement il faut une matière : elle nous est fournie par les perceptions sensibles. Nous ne pouvons penser la matière que lorsque nous lui avons appliqué l’idée de l’Être : le sentiment ainsi joint à l’idée de l’Être est une connaissance.

Sur ces principes essentiels se greffent une foule de théories intéressantes. Celle de l’erreur : l’esprit humain atteint la vérité en elle-même directement, il ne peut donc y avoir d’erreur, ni dans l’intuition de l’Être idéal, ni dans la connaissance a priori, ni dans la perception sensible ; l’erreur n’est possible que lorsque le sujet pensant cesse d’être passif et associe deux termes, prédicat et sujet, qui ne s’appellent pas nécessairement. — La théorie de l’âme : l’âme est un sentiment substantiel, elle est spirituelle ; âme et moi ne sont pas des termes équivalents et le moi représente l’âme engagée dans










un grand nombre de relations par toute une série d’opérations mentales que l’on doit faire avant de se désigner soi-mâmo f-ar ce mot. La théorie de l’animation uni vebseile et celle de la multiplication des âmes si ia matière est divisible. l’àme est indivisible, mais elle peut se multiplier lorsque l’an coupeun ver ou lorsque à sa naissance un enfant se sépare de sa mène, le nouvel être se trouve immédiatement doué d’une dme individuelle ; chez l’hommeâ cette âme Dieu ajoute le principe intellectuel. – Enfin ta théorie métaphysique de l’Être. Quelles sont les s conditions .transcendantes de l’existence phénoménale

? La sensation nous fait violence, elle 

nous est imposée, donc elle requiert un sujet qui la cause ; il y a donc une force inconnue que nous sommes forcés d’admettre par le raisonnement c’est, le principe corporel. La morale repoae également sur ie principe de l’htre Les cl’éatio, ns sont parfaites dans la mesure oùeiles possèdent l’Être ! d’une manière plus entière ; il y a toute une hiérarchie des créations. Connaissant l’ordre des Êtres nous devons le vouloir. Quelle. est la valeur du système que je viens d’exposer dans.ses plus grandes lignes ? C’est sans doute une— œuvre complexe, mal coordonnée, mais qui offre dans le détail des vues heureuses et des analyses intéressantes. Dans l’histoire de la pensée" italienne, Rosmini nous apparaît comme un homme de premier ordre. Pour finir, rappelons que la question Rosminienne n’est pas encore éteinte en Italie. M. Bmilroiiw. Vous avez étudie en Rosmini un philosophe infiniment plus intéressant, que Galuppi ce fut plus. peut-être. un grand homme et un grand caraelèreplus qu’un grand philosophe et cependant il a itiéri té que Cantonî t’appelât l’Herbert Spencer de l’Italie ; et en effet il est le seul philosopheitaiienquiaitconslFuîton système,

complet et son système est un monument très riche pour lequel.il..a fait appel à un très grand nombre de disciplines. M. Boutroux fait l’éloge de la. thèse dé M. Palhoriès ; il loue l’impartialité de l’auteur qui désire surtout connaître et comprendre exactement.

Après quelques remarques sur l’orthographe^non sur l’orthographe française, question trop dangereuse à l’heure actuelle, mais sur l’orthographe italienne, – M. Boutroux reproche au candidat d’avoir presque toujours traduit Rosmini sans donner le texte et d’avoir parfois transcrit sans la vérifier ia traduction Second, L’usage de la traduction est toujours Il~, légitime, mais il faut se reporter au texte toutes les fois que l’on s’appuie sur une traduction pour prouver quelque chose, Je me suis demandé, ce que vous auriez du faire, si Rosmini avait déjà une idée directrice lorsqu’il a entrepris son œuvre, et j’ai découvert dans un o, pnscule qu’il fila vingt-trois— ans une réponse à m question. JSosmini y déclare qu’il a quatre raisons de philosopher il veut combattre les erreurs, réduire la vérité en système, donner à la philosophie une base solide, Ja science, enfin faire de la philosophie le plus ferme soutien de lalhèolo ? gie. Cette attitude dogmatique ne pernmt pas de préjuger de J’œuvre de notre philosophe et ce serait d’une mauvaise.criliquB de.prétendre que cette philosophie est en principe condamnée parce que l’auteur a posé d’abord les conclusions auxquelles il voulait arriver. C’est la un procédé habituel de l’esprit, Platon l’avait déjà reconnu. Dans l’ordre scientifique un savant ne proeède-t-il pas par hypothèses. ? Seulement le savant ou le philosophe