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Dr . phil. Eberz (p. 81-96). Cet article a pour but de montrer que le Parménide a été écrit par Platon dans les derniers mois de l’année 366, après son retour de Syracuse, pour défendre sa conception des idées à la fois contre Speusippe qui soutenait la transcendance des Idées, et contre Aristote qui niait les Idées. Moment historique, dit M. Eberz, dans l’histoire de l’Académie, que celui où Platon, dans une sorte de concile, combat les deux schismatiques. Pour prouver sa thèse, M. Eberz s’ingénie à montrer, entre autres choses, que Socrate le Jeune du Parménide représente Speusippe. M. Eberz présente ses idées sous une forme claire et fort ingénieuse. Mais on se trouve plutôt en présence d’une interprétation systématique du Parménide que d’un faisceau imposant de preuves objectives. — IV. Die Erkenntnistheorie d’Alembert. Ludwig Kunz (p. 96-129). Si M. L. Kunz étudie la théorie de la connaissance de d’Alembert, c’est en raison des rapports que soutient la doctrine de d’Alembert d’une part avec l’empirisme anglais, d’autre part avec la philosophie d’Auguste Comte. M. Kunz cite un grand nombre de textes fort intéressants. Ce qu’il dit de d’Alembert n’est pas sans netteté, mais manque un peu de relief et de profondeur. Il ne semble pas, par exemple qu’il interprète bien exactement le texte de la note 40 (l’interprétation est à la p. 103), lorsqu’il fait dire uniquement à d’Alembert que des effets réels (ici les sensations) présupposent des causes réelles, et qu’un tel raisonnement sur les rapports entre la cause et l’effet est suffisant pour conduire à l’idée d’un monde extérieur existant en soi. D’Alembert raisonne plus subtilement. Il essaie de montrer que la veille se distingue du sommeil, la réalité du rêve, parce que les perceptions du rêve ne se lient pas à tout l’ensemble cohérent des perceptions passées et présentes. Dans l’article de M. Kunz, on ne saisit pas très bien en quoi d’Alembert prépare A. Comte. Il semble par contre qu’il ait tout à fait raison lorsqu’il prétend que la critique faite par d’Alembert du concept métaphysique de Force n’est pas inspirée par les idées de Hume sur la causalité. Le Traité de la Nature Humaine n’était pas très connu au moment où d’Alembert entreprenait cette critique. D’Alembert ne se place pas au même point de vue que Hume. Ajoutons que Newton et les Newtoniens avaient déjà présenté une conception positive et critique de la force et de la causalité.

Heft 2. 21 janvier 1907. – Zur Syllogistik des Aristoteles (171-173). H. Gomperz. – C’est une réplique de M. Gomperz à l’article publié par M. Maire dans le numéro précédent. M. H. Gomperz s’y défend en particulier contre le reproche d’avoir confondu le syllogisme et l’induction. Il a, dit-il, tout simplement raisonné à la manière de Stuart Mill.

Zur antiken Theodice. Wilhelm Capelle (p. 173-196). Il n’y a pas, suivant M. Capelle, de théodicée en Grèce avant Platon. Des doctrines de Platon, il faut retenir que Dieu est identifié avec l’idée du Bien. Aristote est surtout intéressant par sa théorie de l’opposition entre la Forme et la Matière. Dieu, étant forme pure, n’est pas à l’origine du mal, puisque le mal vient de la matière. À vrai dire, chez Aristote, le problème du mal ne se pose pas. Il se pose chez les stoïciens, et c’est, pour M. Capelle, la raison qui rend si importantes leurs doctrines sur la divinité, qui fait d’eux, en somme, les véritables fondateurs de la théodicée dans l’antiquité. M. Capelle expose les solutions données par les stoïciens au problème du mal.

1° Le mal a une signification morale. Il est un châtiment et un avertissement (Chrysippe) ; il est aussi une épreuve et un moyen de perfectionnement moral. L’existence du mal n’est donc pas un argument contre l’existence d’une providence, bien au contraire. 2° Le mal est une suite des causes mécaniques qui agissent dans le monde où elles ont été établies par la providence. La providence n’opère pas par les voies particulières, et il en est mieux ainsi. M. Capelle prétend que la première conception appartient surtout aux premiers stoïciens. L’idée d’une finalité générale, finalité liée à un mécanisme, serait propre aux postérieurs, comme Panétius, Posidonios. Les critiques des Epicuriens et des sceptiques les auraient contraints à adopter cette façon de concevoir le rôle de la Providence.

M. Capelle le remarque aussi que, dans les premiers temps du stoïcisme, il était habituel aux stoïciens de nier le mal physique. Il n’existait, suivant eux, qu’un mal moral : l’absence de sagesse. M. Capelle indique au passage et discute l’argument de Chrysippe suivant lequel le mal est nécessaire comme contraire du Bien, et après avoir signalé les réponses stoïciennes aux arguments fondés sur les imperfections de l’organisme humain, il termine en jugeant l’œuvre des stoïciens en Théodicée ainsi que les critiques des Épicuriens et des sceptiques, ce qu’il appelle leur antithéologie, et en montrant quels rapports soutiennent les doctrines stoïciennes avec le Néoplatonisme, le